BAAL: Thierno Souleymane Baal.
Grand réformateur musulman qui mit fin en 1776 au règne de la dynastie des Satigi peuls païens du Fouta Toro et institua pour un siècle, le règne des Torodo (Glossaire de Delafosse in Chroniques du Fouta sénégalais de Siré Abbas Sow 1913)
Vue de l'armée du Fouta Toro en marche 1818 (wikipedia)
BAAL: Thierno Souleymane Baal.
L’historien souligne que Baal était de haute taille, d’un « teint noir d’ébène », très corpulent avec un courage physique frisant la témérité (O. Kane 1986 p 658). Pathé Diagne (1967) suggère que son ancêtre était peut-être sèrère originaire du Baol. L’arrière grand- père de Baal s’appelle Niokhor. Ce prénom typiquement sèrère signifie le Guerrier, sens que confirme le généalogiste peul (Soh 1913). Au Sénégal, un nom ou prénom ne suffisent pas à classer un individu dans tel ou tel groupe, même quand le brassage n’était pas encore généralisé. Il reste que selon Siré Abbas Soh :
Cheikh Suleyman-Bàl (est)
fils du seigneur Rasin
fils du seigneur Samba (ce prénom local n’est pas arabo islamique)
fils du seigneur Bukâr valeureux héros connu sous le nom de Niokor
fils du seigneur Ibrâhima
fils du seigneur Mûsa
fils du seigneur Suleymàn
Le même auteur place parfois l’ancêtre de Bal plus loin au 5e rang
BAAL: Thierno Souleymane Baal
Les recommandations suivantes de Baal semblent inspirées d’une vision sèrère du pouvoir républicain traditionnel, de l’égalitarisme économique des Sèrères (Gastellu) et d’un certain détachement par rapport au pouvoir. En effet, après avoir mené la révolution et libéré le pays de la mainmise des Maures qui accablaient le peuple par des lourdes taxes honnies dites moudo horma réclamées à des co religionnaires, il préféra laisser le pouvoir à Abdoul Kader Kane son compatriote revenu du Saloum pour prendre le pouvoir. Senghor, l’un des rares dirigeants africains qui a quitté volontairement le pouvoir aurait pu endosser certaines des recommandations de Baal.
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Détrônez tout imâm dont vous voyez la fortune s’accroître et confisquez l’ensemble de ses biens ;
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Combattez-le et expulsez-le s’il s’entête ;
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Veillez bien à ce que l’imâmat ne soit pas transformé en une royauté héréditaire où seuls les fils succèdent à leurs pères ;
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L’imâm peut être choisi dans n’importe quelle tribu ;
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Choisissez toujours un homme savant et travailleur ;
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Il ne faudra jamais limiter le choix à une seule et même tribu ;
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Fondez-vous toujours sur le critère de l’aptitude.
Pour ces seules raisons, Baal mérite amplement d’être au premier rang des personnalités sénégalaises illustres mentionnées dans cet index. Il est étonnant et dommage qu’un tel personnage ne figure pas dans les publications historiques consacrées aux grandes figures africaines, ni dans les programmes africains de science politique, de bonne gouvernance et d’éducation civique. A notre époque il aurait mérité de recevoir le Prix Mo Ibrahim. A défaut il est proposé que son nom entre autres, remplace celui de Maurice Delafosse comme parrain du Lycée éponyme. On se demande encore comment Delafosse qui fut la pièce maitresse de la politique culturelle coloniale a pu survivre à la sénégalisation des noms des parrains des institutions chargées de l’éducation et de la formation des jeunes de notre pays. N’est-ce pas lui qui a inspiré directement ou indirectement l’appellation du bateau « le Ouolof » (pourquoi ?) rebaptisé plus tard « le Diola » ? Il est probablement l’un des rares noms de la colonie qui surnage encore dans l’histoire du Sénégal indépendant, on ne sait par quel mystère. C’est une anomalie à élucider.
