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SENGOOR, LES SAMEL ET QUELQUES RITES TEMOINS DE L’UNITE CULTURELLE DE L’AFRIQUE NOIRE

 

Dans le voisinage de Diouroup et Ndiongolor (Fatick) se trouve Sengoor, village fondé par Moundor Senghor et son frère en provenance du Gabou en Guinée Bissau. C’est le siège des fameux griots-prêtres appelés samel, sortes de notaires dépositaires de testaments. Lors des funérailles de certains grands personnages, notamment les siidé propriétaires de grand troupeaux, ils apparaissent soudain dans le cercle, sortis de nulle part. Ils disparaissent aussi subitement après avoir livré aux légataires leur message dans un langage nasillard incompréhensible. Avant de mourir, le défunt leur aurait révélé certaines caractéristiques de son patrimoine parfois caché. Pour prix de leur service, ils décrivent eux-mêmes et exigent un des boeufs du troupeau. Nul ne s’aviserait de leur désobéir.

 

                                                         

 

                                                         

Mégalithes du Sine Saloum

 

Les ancêtres des samel auraient été initiés par une troupe de singes. Cette initiation renvoie aux légendes sur les anciens peuplements du Sahel. Elles décrivent des hommes rouges de petite taille, parfois des hommes courts et velus, qui auraient précédé des sociétés d’hommes noirs appelés Kakolo autochtones (Dieterlen et Sylla 1995 p 63). Les Dogons par exemple ont été précédés par des noirs appelés Tellems, eux-mêmes postérieurs à deux catégories d’hommes rouges de petite taille, les Yeban et leurs successeurs les Andoumboulou. Les premiers sont considérés comme n’ayant jamais eu ni langage ni vêtement mais comme étant les « propriétaires » de tous les animaux de la brousse. Les seconds communiquaient dans une langue pauvre et peu articulée que les Dogons reproduisent au cours des rites de funérailles par des chants murmurés et volontairement bredouillés » (idem page 66 note 4). Leur langage imité

                        

                                     

                       Rituels dogons                                             Statues bambaras

 

par les Dogons a été enregistré[1] lors d’une enquête sur les techniques successives acquises au cours des âges (Dieterlen Essai sur la religion bambara chap V les Techniques pp 98 100). Des archéologues hollandais ont daté des éléments des habitations dogons (Université d’Utrecht 1981). Les Tellems datent du 11e siècle et avant eux, une occupation datant de 2400 ans (idem p145/6). Dans les traditions du Ghana, Tellems, Dogons Sénoufo et Sèrères entre autres sont considérés comme des Kakolo, les noirs postérieurs aux hommes de petite taille (SCOA ARSAN 1981). Les travaux de Dr A. J. Lucas notamment sur les traditions mauritaniennes montrent que toute cette région de l’Afrique sahélienne était primitivement occupée par des Noirs jusqu’à l’Atlas, bien avant l’arrivée des Blancs (berbères) venus les uns par la mer, les autres par le nord de l’Afrique (Considérations sur l’ethnique maures et en particulier sur une race ancienne, les Bafours 1901).

Le langage du rituel des samel est aussi, peut-être, une imitation de celui de populations anciennes primitives qui ont habité le pays sèrère ou qui avaient précédé le sèrères dans leurs anciens habitats d’avant l’exode.

 

             

                         Masques bozos                                                    masque mbott des Sèrères

 

La langue des hommes primitifs ou « langue des gens d’avant» se dit gane. C‘est une langue très ancienne dont on ignore l’origine. Des chercheurs pensent que gane pourrait correspondre à l’ancien Ghana. Le mot est utilisé par les Dogons et les Tellems pour désigner l’antiquité, époque où la plupart des peuples de l’Ouest africain vivaient au Ghana ou dépendaient de l'empire. La langue gane ou gani serait comparable à ce que les Bambara appellent kan fin « langue noire » archaïque ou kan kôrô langue ancienne. Tous les peuples du Sahel ont dans leurs langues des mots très anciens dont l’origine remonte à la plus haute antiquité. Pour signifier que ces mots sont incompréhensibles du commun des mortels, on dit qu’ils sont comparables à ce que se disent les singes perchés sur un arbre qui savourent des fruits (SCOA/ARSAN 1981 p192 193). Fata Ndiaye par exemple suggère que le mot koy dans la phrase “xa fia koy” que fais tu koy pourrait faire référence à koy le singe. Les linguistes sont interpelés.

Il existe par ailleurs un langage ancien et rituel des Bozo du Mali dont les textes, récités en incantation pendant la nuit, renvoient aux animaux qui vont être l’objet d’une chasse collective le lendemain (Idem Note 47 p 54). Ce rituel fait penser au miis, la chasse rituelle sèrère précédant l’hivernage.

Dernier élément, Boubou Hama du Niger mentionne plus à l‘est chez les Acromba, une réunion annuelle de divination qui regroupe “les fils du mil” (SCOA ARSAN 1981p 218 /9).

 

                

                                         Parade de saltiguis-voyants sèrères

 

Les participants viennent de plusieurs pays. Cette réunion régionale autour du mil fait penser aux xoy que les voyants saltigui sèrères organisent à l’orée de la saison des pluies. L’un des principaux sujets de préoccupation est l’abondance ou la rareté des pluies et des récoltes.

      

 

                             

 

 

 

 

 

 

 

                                

                           

              L’empire du Mali fondé au 13e siècle

 

DIOP Mut une curiosité sénégalo éthiopienne.  Diop est un patronyme wolof du Sénégal. C’est aussi le nom d’un fonctionnaire éthiopien. Il est « Bureau Head  Finance of Gambella State » autrement dit le chef du Bureau des Finances de l’Etat de Gambella en Ethiopie[2]. Ce pays de la Corne de l’Afrique à l’autre bout du continent est une fédération de communautés ethniques. La province du Gambella située l’ouest de l’Ethiopie est adossée à la république du Soudan du Sud. Elle est habitée par de populations généralement très minces, de haute taille au teint très noir. L’homonymie est-elle une simple coïncidence, comme on en trouve partout ?

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                 

         Fille Gambella d’Ethiopie (wikipedia)                  Femme wolof du Sénégal

                                                                                             (carte postale ancienne)

 

En référence aux thèses de Cheikh Anta Diop, on ne peut s’empêcher de penser à l’origine nilotique de beaucoup de populations du Sénégal. Le toponyme séréré existe aussi bien en Ethiopie, au Soudan du Sud qu’en Ouganda et au-delà (voir « Interrogations sur les diasporas sèrères méconnues » in biblioserere.com). Quoi qu’il en soit, cette coïncidence aurait une valeur scientifique plus crédible que la fable du traditionniste peul/halpulaar Siré Abbas Sow (19e siècle). Ses Chroniques du Fouta sénégalais (Etudes et documents) donnent une étymologie arabo pulaar insultante du nom des Diouf, nom dont dériverait lui-même, selon lui, celui des Diop. Lui seul serait en mesure d’expliquer les raisons qui lui font confondre dans un même opprobre, les membres sénégalais de ces deux noms de clan probablement réputés animistes à une certaine époque.

 

 

 

                                                     

 

                                               

 

 

 

 

Jeunes Gambellas (wikipedia)  

 

 

 

                  

 

                          

                                   Fillettes cérères (sic) du Sénégal (carte postale ancienne)

 

[1] Des chercheurs qui ont opéré dans le Sine affirment n’avoir jamais réussi techniquement à enregistrer le langage des samel. Invariablement l’appareil tourne à vide (Mama Ngor Faye et Alain le Pichon entre autres en ont fait l‘expérience.

 

[2] L’article qui cite l’Agence de presse éthiopienne (ENA) est  intitulé : Gambella underuses Budget. Il est publié par le journal éthiopien « The Monitor » Vol. V, N° 90 du 7/4/98, page 1 Addis Ababa.

Mont Sénégal une autre curiosité Ethiopie Sénégal Cette montagne de hauteur très moyenne est située en Ethiopie, dans la région administrative du Sud Omo, chez les Hamer, un groupe ethnique du fleuve Omo, au Sud Ouest du pays. Information donnée par M. Berhanu Bibiso anthropologue agent du Diplomatic Housing Administration Addis Ababa Ethiopia. Années 1980/90

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