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Wër sëk 

Chance, grâce, bénédiction (Cheikh Anta Diop 1962 : Unité culturelle). En wolof,le mot se décompose en wër : faire le tour et sëk : sépulture. Littéralement, c’est tourner autour d’une sépulture en signe d’adoration pour obtenir un bienfait. Se prononce improprement wassik en sèrère.

Wal’ Khann Thiaré (Waal Xaan Caare) de Bikol en pays sèrère (Fatick) était, de son vivant, un faiseur de pluie. Il avait déclaré : «  quand je serai mort, si vous n’avez pas de pluie, tournez autour de ma tombe (wër sëk), il pleuvra (Gravrand 1990 Pangol  NEA p 331).

Egalement, dans un vieux hameau situé aux environs de Guéoul, dans la région de Louga en pays wolof se trouve la tombe d’un ancêtre au pied d’un baobab tricentenaire du nom de Gouye Birame Coumba. Il aurait des vertus thérapeutiques. Au dire des habitants, « quand nous tombons malades il suffit de faire  trois fois le tour du baobab et qu’ensuite on se lave avec du sable recueilli sur les racines,  pour retrouver (la santé) ». Le creux du baobab est le refuge d’un gros serpent qui est le  totem  de la famille de Biram Coumba (Abdou Mbodj in l’Observateur n° 2994 12 Septembre 2013 page 10)

Autrefois également, la cérémonie du couronnement du nouveau Brack dans l’ancien royaume du Walo, berceau du peuple wolof jadis situé à l’embouchure du fleuve Sénégal comportait  un rituel similaire. Il devait, entre autres, faire trois fois le tour du Baobab totem dit « Ndeyou Brack » (Mère de Brack),  étant porté sur le dos par un homme du matriclan gaker. La cérémonie avait lieu à  Ndiourbel (Amadou Bakhaw Diaw Historien traditionnaliste du Walo. L’ancien cérémonial d’intronisation du brack du Walo. diaogo. nilsen@gmail.fr) L’étymologie sèrère  de Ndiourbel indique qu’il s’agit d’un lieu de libations et de bains rituels au niveau du fleuve

Le sens premier du mot wërsëk en wolof est donc lié à la religion traditionnelle. Il désigne un vieux culte des morts ou culte des ancêtres dont l’origine pourrait remonter à l’aube de l’humanité. Il avait une fonction gratifiante. Aujourd’hui, le sens initial du rituel est oublié.  Le terme ne désigne plus que la chance au sens ordinaire de bienfait ou de bonne fortune due au hasard. Mais même si le rituel n’est plus exécuté, le sens premier demeure toujours en toile de fond dans les croyances populaires de Sénégambie qui lient la réussite d’une personne à la chance intrinsèque provenant de sa mère. Cela explique le véritable culte que l’on voue à la mère en Afrique.

A cette  croyance découlant du wër sëk est venue se greffer la notion de baraka apparue avec l’islam et le patriarcat. Ils ont un sens voisin. Mais le premier est en langue maternelle, le second en arabe. Dans un nouveau contexte wolof de domination patriarcale, le sens initial de chance attachée au culte de la mère a été manipulé et récupéré progressivement par le père. Au culte traditionnel dédié à la mère (tourner autour de sa tombe) s’est substituée  une nouvelle croyance : il est maintenant admis que c’est la souffrance ou la patience endurée par la mère dans son foyer ou simplement son comportement exemplaire à l’égard de son mari qui est convertible en bénédiction pour sa progéniture. L’on est ainsi passé du culte de la mère par l’enfant, dans une société matriarcale ou « le père n’est qu’un semeur distrait » (Hampaté Bâ) à la quasi-adoration du père par la mère dans une société phallocrate. Avec la prévalence plus marquée de l’islam le marabout  (guide religieux) a récupéré à son tour la capacité de bénir, sans doute parce qu’il sait mieux parler à Dieu. Le wolof islamisé jure plus souvent par la baraka de son serigne.

Chez les Sèrères devenus bilinéaires, l’on on ne se résout toujours pas à écarter totalement la mère. Ils distinguent maintenant la baraka d’origine paternelle du wër sëk provenant de la mère. Ils invoquent ensemble le barké faap et le wassik yaay dans cet ordre. L’on dit parfois que le sèrère à trois familles : celle de sa mère, celle de son père et celle de la mère de son père (Dupire).

Outre le wërsëk, la notion plus générale de bonne fortune ou de gratification provenant de la divinité, de la providence ou du hasard porte plusieurs dénominations en wolof et sèrère, avec des sens plus ou moins différents : wassik, barké, muud, kheewël (xeewël) et khos (xos). Quel que soit l’un ou l’autre sens des mots, on ne peut s’empêcher de penser à la définition de Jean Cocteau pour qui le hasard c’est « la forme que prend Dieu pour voyager incognito » (J.A.  2708 du 2-8 décembre 2012 p 96).

Tekrour Takrur Tekror Tokoror etc. 

 

Nom d’un ancien royaume dont le territoire du Fouta Toro ne constituait qu’une partie. Il était habité par les ancêtres des populations sénégalaises actuelles repoussées de l’ancienne Mauritanie au Sénégal par la surpopulation, la désertification les Arabo Berbères. Il est communément admis qu’à partir du 9e siècle environ, le Tekrour (renommé Fouta au 16e siècle) a connu les six dynasties ou groupes de dynasties suivantes : les Diaw ogo  métallurgistes noirs (Proto wolofs?), les Manna soninkés ou sarakollé, les Tonjong  (Jaam MBaar) sèrères, les Lam, dynasties multi ethniques, les Satigi denyanké peul et les Almamys torodo toucouleur.

SOH: Siré Abbas Soh

 

Lettré peul ou halpular musulman du 19e siècle auteur de « Chroniques du Fouta Sénégalais traditionnel » présentées, commentées et publiées en 1913 par M. Delafosse et Gaden. Un glossaire compilé par Delafosse figure en annexe. Le document contient de nombreuses traditions sur les Sèrères au Tekrour, l’ancien Fouta. C’est un bel exemple de « vol » ou de « confiscation de l’histoire » des Sèrères pour cause de paganisme, comparable à ce que l’Occident a fait de l’Egypte ancienne pour cause de Négritude. Les fondamentaux de ce que les Foutankés et à leur suite la plupart des écrits ont retenu sur l’histoire ancienne des Sèrères proviennent de ces « Chroniques » ou des traditions  datant de la révolution islamique torodo  du 18e qui les ont inspirées. A lire avec un esprit critique et avec indulgence par les membres des communautés et familles réputées « païennes ». Malgré ce travers, le document contient des informations utiles sur divers aspects de l’histoire et de la culture des populations sénégalaises actuelles (voir Etudes et Documents in biblioserere.com)

Ngazobil: conquête, évangélisation et urbanisation 

Un témoignage officiel sur la fondation de la mission d’évangélisation au Sénégal montre comment le clergé catholique venu dans les cales de la colonisation appréhendait les rapports avec les pouvoirs locaux : « Le travail accompli par Mgr Kobès à l'intérieur … commencera à porter ses modestes fruits après que le général Faidherbe aura pacifié un pays livré aux razzias incessantes de chefs ambitieux et donné à la France une bande de terre allant de Dakar à Joal.

Le document donne  en même temps des informations peu connues sur les origines de la ville européenne de Dakar. « Fondée dès janvier 1850, la mission de Ngazobil, la partie nord de la Commune de Joal Fadiouth devra être évacuée en octobre 1851, ce qui obligera à transférer à Dakar l'œuvre…heureusement commencée. La première construction en pierres de (Dakar)  la future capitale de l'A.O.F. est l'œuvre du Père Warlop, ancien ingénieur belge, ordonné par Mgr Kobes. Le voisinage de Gorée, où est établie la station navale, et le développement de la mission catholique vont faire peu à peu de cet ancien village lébou la première cité du Sénégal. A proximité de la maison des Pères, l'évêque fait bâtir écoles et ateliers.  (Article tiré d'Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d'Outre-Mer, tome 2, volume 2, publié en 1977 par l'Académie des Sciences d'Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France).

FALL: Kotch Barma Fall Philosophe wolof du 16e-17e siècle  (1586-1655)

Contemporain du philosophe français René Descartes (1596 1650), ses enseignements ont  marqué la culture locale.  Un témoignage du 19e  siècle souligne que les principes enseignés par les philosophes wolofs « se transmettent de père en fils dans tout le Cayor, le Baol et le Sine. » (Préface de la Grammaire Wolof in David Boilat 1814-1901 par Yvon Bouquillon et Robert Cornevin NEA 1981 page 71). Cousin du 6e damel (roi) du Cayor, Daour Demba Fall dit Dao Demba  (1640), Kotch est issu d'une famille de l’aristocratie wolof. Il fut un intellectuel au sens plein du terme. Sa pensée profonde, son jugement et sa connaissance des hommes et sa vivacité d'esprit se sont exercés et  exprimés sur les réalités politiques et sociales de son époque et de toujours. On lui attribue  plus de cinq milles adages ou maximes qui font partie de l'univers culturel sénégalais. Les plus connus sont les maximes qu’il reliait à ses quatre touffes de cheveux laissés sur sa tête. L’écrivain Birago Diop alors étudiant affirme avoir écrit « un récit sur les dits et faits de  Kotje Barma ou les Toupets Apophtegmes » publié dans L'Etudiant Noir, la revue des étudiants africains de Paris (La plume raboutée année). Barma ou Birima est une ancienne forme wolof de Birahim, Ibrahima ou Abraham. Pierre ou caillou se dit kocce en soninké (Dantioko : 1978). Kocc signifie en sèrère et wolof frotter pour faire du feu. On pense au moyen primitif consistant à produire des étincelles avec de la pierre ou deux pierres percutées. Si l’étymologie est recevable, Kocc Barma Fall serait un philosophe des Lumières. Après Kocc Barma Fall, la société wolof a connu d'autres philosophes importants. Sous le règne du Damel Madiakhère, par exemple  apparut un autre philosophe moraliste du nom de Masséni. Il était le petit-fils de Kocc Barma

GUEYE: Ndaamal Gossas

De son vrai nom Omar Guèye (Fata Ndiaye). Personnage originaire comme son nom l’indique, de la localité de Gossas dans la région de Fatick. Il a pu s’inspirer du philosophe Kotch Barma Fall (voir). Il vécut probablement au début du 20e siècle. Seul son surnom est retenu par la tradition. Son sobriquet wolof suggère qu’il était de petite taille, un attribut souvent associé dans l’image populaire à une personne dynamique, rusée  et débrouillarde, pleine de ressources, un peu comme Leuk le Lièvre Sène le héros des contes animaliers de la savane, la roublardise en moins. Gossas le nom de son village fait référence à l’espèce saas, ou kadd en wolof, acacia albida, l’arbre des cosmogonies soudaniennes (sèrère et bambara)  

SAMB: Kany Samb

 

Griot grand spécialiste wolof des traditions historiques sénégalaises notamment Kajoor et Baol. Historien d’une grande probité,certaines de ses émissions dactylographiées pourraient être réunies et publiées

BAAL Thierno Souleymane Baal.

 

Grand réformateur musulman qui mit fin en 1776 au règne de la dynastie des Satigi peuls païens du Fouta Toro et institua pour un siècle, le règne des Torodo (Glossaire de Delafosse in Chroniques du Fouta sénégalais de Siré Abbas Sow 1913)

 

 

                                               Vue de l'armée du Fouta Toro en marche 1818 (wikipedia)

 

BAAL Thierno Souleymane Baal.

 

L’historien souligne que Baal était de haute taille, d’un « teint noir d’ébène », très corpulent avec un courage physique frisant la témérité (O. Kane 1986 p 658). Pathé Diagne (1967) suggère que son ancêtre était peut-être sèrère originaire du Baol. L’arrière grand- père de Baal s’appelle Niokhor. Ce prénom typiquement sèrère signifie le Guerrier, sens que confirme le généalogiste peul (Siré Abbas Soh 1913). Au Sénégal, un nom ou prénom ne suffisent pas à classer un individu dans tel ou tel groupe, même quand le brassage n’était pas encore généralisé. Il reste que selon Siré Abbas Soh :

 

Cheikh Suleyman-Bàl (est)

fils du seigneur Rasin

fils du seigneur Samba  (ce prénom local n’est pas arabo islamique)

fils du seigneur Bukâr valeureux héros connu sous le nom de Niokor 

fils du seigneur Ibrâhima

fils du seigneur Mûsa

fils du seigneur Suleymàn

Le même auteur place parfois l’ancêtre de Bal plus loin au 5e rang

 

BAAL Thierno Souleymane Baal

 

Les recommandations suivantes de Baal  semblent inspirées d’une vision sèrère du pouvoir républicain traditionnel, de l’égalitarisme économique des Sèrères  (Gastellu) et d’un certain détachement par rapport au pouvoir. En effet, après avoir mené la révolution et libéré le pays de la mainmise des Maures qui accablaient le peuple par des lourdes taxes honnies dites moudo horma réclamées à des co religionnaires, il préféra laisser le pouvoir à Abdoul Kader Kane son compatriote revenu du Saloum pour prendre le pouvoir. Senghor, l’un des rares dirigeants africains qui a quitté volontairement le pouvoir aurait pu endosser certaines des recommandations de Baal.

  • Détrônez tout imâm dont vous voyez la fortune s’accroître et confisquez l’ensemble de ses biens ;

  • Combattez-le et expulsez-le s’il s’entête ;

  • Veillez bien à ce que l’imâmat ne soit pas transformé en une royauté héréditaire où seuls les fils succèdent à leurs pères ;

  • L’imâm peut être choisi dans n’importe quelle tribu ;

  • Choisissez toujours un homme savant et travailleur ;

  • Il ne faudra jamais limiter le choix à une seule et même tribu ;

  • Fondez-vous toujours sur le critère de l’aptitude.

 

Pour ces seules raisons, Baal mérite amplement d’être au premier rang des personnalités sénégalaises illustres mentionnées dans cet index. Il est étonnant et dommage qu’un tel personnage ne figure pas dans les publications historiques consacrées aux grandes figures africaines, ni dans les programmes africains de science politique, de bonne gouvernance et d’éducation civique. A notre époque il aurait mérité de recevoir le Prix Mo Ibrahim. A défaut il est proposé que son nom entre autres, remplace celui de Maurice Délafosse comme parrain du Lycée éponyme. On se demande encore comment Delafosse qui fut la pièce maitresse de la politique culturelle coloniale au Sénégal a pu survivre à la sénégalisation des noms des parrains des institutions chargées de l’éducation et de la formation des jeunes de notre pays. N’est-ce pas lui qui, au temps colonial, a inspiré directement ou indirectement l’appellation du bateau « le Ouolof » (pourquoi ?) rebaptisé plus tard « le Diola » ? Il est probablement l’un des rares noms de la colonie qui surnage encore dans l’histoire du Sénégal indépendant, on ne sait par quel mystère. C’est une anomalie à élucider.

BAAL: Thierno Souleymane Baal.

 

Grand réformateur musulman qui mit fin en 1776 au règne de la dynastie des Satigi peuls païens du Fouta Toro et institua pour un siècle, le règne des Torodo (Glossaire de Delafosse in Chroniques du Fouta sénégalais de Siré Abbas Sow 1913)

 

 

                                               Vue de l'armée du Fouta Toro en marche 1818 (wikipedia)

 

BAAL: Thierno Souleymane Baal.

 

L’historien souligne que Baal était de haute taille, d’un « teint noir d’ébène », très corpulent avec un courage physique frisant la témérité (O. Kane 1986 p 658). Pathé Diagne (1967) suggère que son ancêtre était peut-être sèrère originaire du Baol. L’arrière grand- père de Baal s’appelle Niokhor. Ce prénom typiquement sèrère signifie le Guerrier, sens que confirme le généalogiste peul (Soh 1913). Au Sénégal, un nom ou prénom ne suffisent pas à classer un individu dans tel ou tel groupe, même quand le brassage n’était pas encore généralisé. Il reste que selon Siré Abbas Soh :

 

Cheikh Suleyman-Bàl (est)

fils du seigneur Rasin

fils du seigneur Samba  (ce prénom local n’est pas arabo islamique)

fils du seigneur Bukâr valeureux héros connu sous le nom de Niokor 

fils du seigneur Ibrâhima

fils du seigneur Mûsa

fils du seigneur Suleymàn

Le même auteur place parfois l’ancêtre de Bal plus loin au 5e rang

 

BAAL: Thierno Souleymane Baal

 

Les recommandations suivantes de Baal  semblent inspirées d’une vision sèrère du pouvoir républicain traditionnel, de l’égalitarisme économique des Sèrères  (Gastellu) et d’un certain détachement par rapport au pouvoir. En effet, après avoir mené la révolution et libéré le pays de la mainmise des Maures qui accablaient le peuple par des lourdes taxes honnies dites moudo horma réclamées à des co religionnaires, il préféra laisser le pouvoir à Abdoul Kader Kane son compatriote revenu du Saloum pour prendre le pouvoir. Senghor, l’un des rares dirigeants africains qui a quitté volontairement le pouvoir aurait pu endosser certaines des recommandations de Baal.

  • Détrônez tout imâm dont vous voyez la fortune s’accroître et confisquez l’ensemble de ses biens ;

  • Combattez-le et expulsez-le s’il s’entête ;

  • Veillez bien à ce que l’imâmat ne soit pas transformé en une royauté héréditaire où seuls les fils succèdent à leurs pères ;

  • L’imâm peut être choisi dans n’importe quelle tribu ;

  • Choisissez toujours un homme savant et travailleur ;

  • Il ne faudra jamais limiter le choix à une seule et même tribu ;

  • Fondez-vous toujours sur le critère de l’aptitude.

 

Pour ces seules raisons, Baal mérite amplement d’être au premier rang des personnalités sénégalaises illustres mentionnées dans cet index. Il est étonnant et dommage qu’un tel personnage ne figure pas dans les publications historiques consacrées aux grandes figures africaines, ni dans les programmes africains de science politique, de bonne gouvernance et d’éducation civique. A notre époque il aurait mérité de recevoir le Prix Mo Ibrahim. A défaut il est proposé que son nom entre autres, remplace celui de Maurice Delafosse comme parrain du Lycée éponyme. On se demande encore comment Delafosse qui fut la pièce maitresse de la politique culturelle coloniale a pu survivre à la sénégalisation des noms des parrains des institutions chargées de l’éducation et de la formation des jeunes de notre pays. N’est-ce pas lui qui a inspiré directement ou indirectement l’appellation du bateau « le Ouolof » (pourquoi ?) rebaptisé plus tard « le Diola » ? Il est probablement l’un des rares noms de la colonie qui surnage encore dans l’histoire du Sénégal indépendant, on ne sait par quel mystère. C’est une anomalie à élucider.

PEPPER: Herbert Pepper et les Archives culturelles du Sénégal. Pepper était un assistant technique français, musicologue, auteur de la musique de l’hymne national du Sénégal et créateur en 1967 des Archives culturelles du Sénégal ACS (ministère de la Culture). Jusqu’en 1975 l’essentiel du fonds documentaire de l’institution portait sur les diverses expressions culturelles traditionnelles, le patrimoine et la culture matérielle sèrère et wolof ; y figurent également des éléments sur les Diolas, les Mandingues, les  Pulaar etc.,  (traditions orales, chants, danses, religion, expressions du cycle de vie etc.) Pepper avait créé cette institution de recherche, de conservation, d’exploitation et de diffusion, sur le modèle du Musée des Arts et Traditions du Gabon (Libreville) qu’il avait également mis en place.

Le concept des Archives culturelles était basé sur la collecte en trois dimensions des éléments de la culture traditionnelle : documents sonores sur tous les thèmes, iconographie (photographies et films) et objets de la culture matérielle (ustensiles, tambours, instruments de musique etc.) 

 Une exposition permanente également en 3 dimensions accessible au  public aux touristes et aux chercheurs  montrait des échantillons de différents objets, rites et expressions de toutes les étapes du cycle de vie de l’individu en milieu traditionnel : naissance adolescence, jeux, éducation, initiation/circoncision, mariage, vie adulte, vieillesse, mort et retour aux Pères (Marcel Diouf : Catalogue de l’exposition permanente RONEO 1975 87 pages, réalisé avec les enquêteurs (un pour chaque communauté) : Daouda Guèye, Maguette Sarr de Tchiariak, Mamadou Sané etc.). Le Fonds (plusieurs photos, films et des centaines voire des milliers d’heures d’enregistrement sonores) a été transféré dans les années 1980 aux Archives nationales et numérisé (voir notamment Mame Ngor Faye de Sanghay dans le Sine) et pris en charge par la Direction du Patrimoine, ministère de la Culture.

Dans le cadre de la stratégie  de dissimulation voire de destruction de toutes les sources sur l’histoire traditionnelle du Sénégal, politique qui empêche également de doter le pays d’une Bibliothèque nationale, il ne serait pas étonnant que l’ensemble du Fonds finisse par disparaitre à jamais. Qui sait où se trouve aujourd’hui la grande exposition sur l’histoire traditionnelle du Sénégal montée au Musée Dynamique lors du Premier Festival Mondial des Arts Nègres de 1966 ? Pourquoi les mégalithes du Sine Saloum et plus généralement tous les sites et produits de l’archéologie ne font-ils pas l’objet d’une exploitation ou promotion conséquente ? Il y a encore du Delafosse derrière cette politique qui date du temps de la colonie. Plus tard, la continuation de cette politique explique certainement l’absence de ces éléments dans l’histoire ou dans le projet de construction et de développement de ce qui s’appelle « le Modèle islamo wolof ». Le Musée des civilisations noires pourrait contribuer à limiter les dégâts. En attendant, chaque Centre culturel régional ou chaque commune pourrait s’inspirer localement du concept des Archives culturelles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vue partielle de l’Ecomusée de Diakhao qui rappelle l’Exposition des ACS (avec le volet sonore ?)

Tourban  

 

Ou fin du monde du Gabou, synonyme de cataclysme. C’est le nom de la dernière bataille qui opposa en 1867 les Peuls musulmans du Fouta Djallon et les païens Mandingues du Gabou . Elle vit la fin de l’empire mandingue (D.T. Niane Histoire des Mandingues de l’Ouest 2018 Karthala). Les récits épiques des deux peuples insistent sur l’issue sanglante du conflit qui fut un véritable carnage, au bout d’un long siège. Poussés dans leurs derniers retranchements par la poussée inexorable de la puissante armée peule du Fouta Djallon aidée par leurs congénères du Boundou (idem), Dianké Wally Sané le dernier souverain manding attendit que les assaillants fussent dans la citadelle pour ordonner à ses troupes de répandre toute la réserve de poudre dans la citadelle de Kansala et d’y mettre le feu. Le tata ou place forte explosa dans ses fondements. Selon les traditions, Peuls et Gabounkés périrent tous dans les flammes. Les femmes mandingues rescapées se jetèrent dans les puits, à l’exception de la princesse  capturée qui devint la mère de l’illustre Almamy peul Alpha Yaya Diallo de Guinée. C’est le lieu de souligner une bonne fois pour toute que cette guerre eut lieu en 1867 (ibidem) et n’a rien à voir avec le conflit qui obligea les Guelwars à quitter le Gabou probablement au 13e ou 14e et siècle pour venir créer en pays sèrère, les royaumes du Sine et du Saloum notamment. Senghor commet la même erreur de date lorsqu’il évoque dans ses poèmes le départ de ses ancêtres en direction du pays sèrère. Sont-ils venus avec la première migration conduite par la reine Sira Badiar, Badral ou Badiane (voir) ou la seconde migration consécutive au désastre du Tourban ? Toujours est-il que c’est dans le poème où il chante la vaillante résistance de ses ancêtres païens face aux Peuls musulmans qu’il écrit : « On nous tue Almamy, on ne nous déshonore ». Ce ver amputé du mot Almamy est aussi la devise de l’armée sénégalaise. Les griots mandingues joueurs de koras, instrument traditionnel à 21 cordes ont consacré à cette bataille épique, l’hymne au « Keddo » (Tieddo)  magistralement interprété par le grand artiste guinéen Kouyaté Sory Kandia dont l’œuvre est devenue un classique africain. Le récit romancé de cet affrontement (Manuscrit de Kamboré) qui figure dans Lances Mâles (Diouf 1996) sera reproduit intégralement dans bibliosèrère.com.

TROIS CONTRIBUTIONS SUR  L'HISTOIRE DE ZIGUINCHOR ET DE SEDHIOU TIREES DU NET.

 

biblioserere.com demande l’indulgence  et remercie les auteurs et éditeurs des articles.

 

  • 1): ZIGUINCHOR, AU FIL DE L’HISTOIRE

       Immersion dans la Casamance naturelle

       Mamadou Lamine Diatta  |   Publication 08/09/2015

  • 2): ZIGUINCHOR, UNE VILLE CREOLE BRASSAGES CULTURELS

       Mamadou Mané Historien  |   Publication 30/07/2013

       http://www.seneplus.com/article/ziguinchor-une-ville-

       créole

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