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Grandes figures et personnages des « pays » sèrères

« Le sel des peuples salés » (Senghor 1990)

 

INTRODUCTION

Contrairement aux processus d’islamisation dans d’autres parties du monde, les pays du Soudan occidental qui ont connu le jihad des Almoravides au 11e siècle étaient confrontés à un phénomène où s’enchevêtraient de façon inextricable esclavage et traite négrière arabo berbère, violence, racisme et mépris culturel, avec des enjeux politiques, économiques et sociaux difficiles à distinguer. Ces facteurs sans rapport avec l’Islam proprement dit ont plutôt obscurci le message du Prophète et constitué un repoussoir à son adoption volontaire ou non. Du reste, comment ne pas voir dans ces jihadistes des âmes de terroristes ? Au début de la secte, les membres dirent à Ibn Yassine leur premier chef : « O Shaykh béni…Même si tu nous ordonnes de tuer père et mère, nous n’hésiterons point » (Cuoq 1975 p234/5). On sait qu’au 19e siècle encore, Amadou Ahmet le fameux Mahdi du groupe de Thiénaba avait immolé son propre fils et fut chassé du pays (Diop 1973)[1]

Ces exemples montrent que tout emprunt de valeurs étrangères qui n’est pas bien maitrisé, peut-être problématique. Le lettré Cheikh Moussa Camara qui décrit certaines sociétés qui ont connu l’islamisation almoravide fustige le bricolage, rafistolage ou trafic de généalogies. A côté des trafics de généalogies prestigieuses et de noms, il note des manipulations et falsifications odieuses de l’étymologie de certains patronymes dits païens. On a aussi relevé les dissimulations d’ascendance et les changements de noms de clan très fréquents à une certaine époque (Delafosse in glossaire des Chroniques). Des patronymes nègres sont purement et simplement gommés et remplacés par des noms à consonance plus orientale ou même par des surnoms plus expressifs de rattachement à l’Islam (Pathé Diagne 1967). Cela pouvait aller jusqu’au déclassement des membres d’une même famille : certains qui changeaient de nom pouvaient mépriser ceux de leur propre famille qui avaient gardé les vrais noms, alors que c’est le même sang qui coule dans les veines de tous. « Rouge est le sang des noirs ». C’est peut-être pourquoi des communautés tributaires de cette islamisation ont tendance à développer un mépris culturel à l’égard de certains groupes qui leurs sont apparentés.

L’auteure d’une étude croit pouvoir dire qu’au Sénégal, la division musulmans et non musulmans n'est pas seulement religieuse, elle a aussi une dimension ethnique et politique. La crise de 1962 en serait une preuve. D`après l’auteure, « ... Il n'est pas faux de conclure que par-delà les arguments théoriques constitutionnels fondés sur le droit moderne, il y a une dimension historique à la crise de décembre 1962[2]qui contribue à expliquer que certains membres de ce premier gouvernement du Sénégal moderne ne pouvaient accepter l'idée d'être subordonnés à un chef d'État sérère, Léopold Sédar Senghor. En effet, la communauté ethnique de ce président reste l'objet de mépris et de préjugés de la part des communautés dominantes du Sénégal. Pour ces derniers, la conversion à l'Islam est toujours considérée, en quelque sorte, comme un signe de progrès et d'ouverture d'esprit par rapport à ces paysans sérères qui ont longtemps conservé leurs croyances « païennes » et qui ne sont devenus musulmans ou convertis au christianisme que récemment … » (M T Rosalie Akouele Abbey 2011 in Customary law and slavery in West Africa Trafford publishing 481-2 ISBN : 1- 4269 -7117- 6).

Certes, de nombreux exemples montrent que les musulmans ont tendance à privilégier l’appartenance commune à une même foi plutôt qu’à un même ancêtre. Mais s’agissant de la sphère politique au Sénégal, la conclusion d’Akouele Abbey doit être nuancée. Elle ne prend pas en compte de nombreux facteurs de pondération qui transcendent certains types de clivages. L’auteure qui ne connait peut-être pas bien certaines données de l’histoire politique récente du pays semble ignorer que depuis le début du 20e siècle, jusqu’à l’avènement du président Wade en 2000, l’essentiel du leadership politique du pays, au plus haut niveau, est tenu par des Sèrères ou des personnalités d’ascendance sèrère ou qui leurs sont liés. Une brève liste indicative de grandes figures et personnages peut en témoigner.

Il y a d’abord Blaise Diagne, premier député africain au sein de l’Assemblée nationale française (1914), premier africain ministre du gouvernement français (1931) et maire de Dakar de 1920 à 1934 date de sa mort. Il est « fils de Niokhor Diagne pêcheur sèrère de Joal », le village natal de Senghor. Il est vrai que son ascendance qui était bien connue à l’époque a par la suite été brouillée. Voici comment l’un de ses petits-fils, que l’on a briefé pour l’occasion présente son grand-père lors de l’inauguration de l’aéroport qui porte son nom : « Blaise Adolphe Diagne est né le 13 Octobre 1872 à Gorée. Il est d’ascendance lebou et wolof, fils de Niokhor un Sèrère[3] de Gorée qui était cuisinier et marin et de Gnagna Preira une Manjaque originaire de Guinée Bissau » (Blaise Diagne un parrain si controversé par MTG in L’OBSERVATEUR n° 4260 du Jeudi 7 Décembre 2017). On ne peut que constater la mauvaise foi de certaines biographies qui attribuent à un Sèrère né d’une mère manjak de Guinée Bissau, une « ascendance lébou et wolof » que l’on a surajoutée.

Quelles que soient les manipulations et confusions introduites par des milieux politiques pour brouiller son identité, la seule voix autorisée en la matière est celle de l’historien. L’un des plus éminents est le professeur Iba Der Thiam, à la fois wolof, musulman et homme politique. Voici comment il présente Diagne : « Ayant fait ma thèse sur l’histoire politique du Sénégal, je peux vous dire que…c’est parce que Blaise Diagne traité de candidat de père Sérère et de mère Mandiagote (Manjak) avait été diabolisé, qu’il avait réussi son élection de 1914 » (Interview réalisée par Ndiaga Ndiaye dans le quotidien L’Observateur N° 2793 du vendredi 11 janvier 2013 page 7). Autrement dit, c’est précisément parce que les politiciens ont voulu diaboliser le Sèrère que la population l’avait choisi. Abbey ignore aussi qu’à Saint Louis, lors de cette même élection du premier député noir en 1914, contre un candidat métisse franco sénégalais, « les marabouts (…) avaient obtenu d’un grand nombre d’électeurs l’engagement par serment sur le Coran de voter et de faire voter pour M. Blaise Diagne. Ce dernier se présentant comme candidat indigène, les marabouts décidèrent que quiconque ne voterait pas pour lui serait considéré comme renégat et ne pourrait plus être ni marié ni enterré conformément aux prescriptions de la loi musulmane (Lamine Guèye 1966 : Itinéraire africain Présence africaine p31).

 

Avant l’élection de Diagne en 1914, Ngalandou Diouf [4] le tout premier noir à obtenir un mandat électif en Afrique noire francophone est également sèrère issu de l’aristocratie du Sine.

Quant à Senghor, il est de notoriété publique qu’il était plutôt l’ami des grands chefs des confréries qui lui ont fait bénéficier du fameux ndiguel ou consigne de vote. C’est grâce à ses entrées chez les dignitaires musulmans qu’il avait pu battre Lamine Guèye le premier docteur en droit en Afrique noire francophone, musulman et wolof originaire de Saint Louis. En outre, lors de la crise de 1962 elle-même, les dignitaires Torobe du Fouta étaient du côté de Senghor face à Mamadou Dia. Celui-ci est pourtant Halpulaar musulman, originaire du Fouta. Il avait démarré sa carrière comme élu de Fatick en pays sèrère (Makhtar Diouf 1998 Sénégal les Ethnies et la Nation NEA p 53). Les dignitaires du Fouta avaient opté pour Senghor contre leur congénère, en raison probablement de la traditionnelle parenté rituelle entre Sèrères et Halpulaar.

Autre personnalité marquante, Waldiodio Ndiaye « l’homme de la place Protêt face au Général De Gaulle », en 1958. En sa qualité de tout puissant ministre de l’Intérieur, il était impliqué dans la crise de 1962, aux côté de Dia contre Senghor. Il était pourtant membre de la dynastie guelwar des anciens royaumes sèrères du Sine et du Saloum (Kaolack).

Abdou Diouf le deuxième président de la République de 1980 à 2000 est de père sèrère.

Macky Sall dont la famille est originaire du Fouta est citoyen du Sine, né à Fatick, dont il fut le maire élu par la population sèrère etc. Depuis 2012 il est le quatrième président de la République.

On citera aussi deux grands marabouts issus des guelwar, l’ancienne aristocratie du Sine. Il y a d’autres personnalités comme Maurice Guèye à Rufisque, Wagane Diouf à Dakar etc. Sans compter l’imbrication de nombreuses familles: Blaise Diagne de mère Manjak, les musulmans dans la famille de Senghor, Mamadou Dia l’ancien Président du Conseil né à Khombole/Bambey en pays sèrère, de mère sèrère[5], l’épouse du président Diouf de mère sèrère catholique, Mgr Yacynthe Thiandoum le premier archevêque et cardinal sénégalais dont le frère paternel était l’imam du village qui abrite le sanctuaire marial en zone sèrère (Monteil p 248). On pourrait multiplier les exemples.

Indépendamment même des Sèrères et en dehors des luttes entre politiciens, on ne connait aucune personnalité politique de premier plan qui ait eu à subir une quelconque discrimination imputable à son identité. C’est un acquis majeur de la démocratie sénégalaise.

En réalité, si Senghor a fait l’objet d’ostracisme au cours de sa carrière, ce fut davantage pour des raisons quasi exclusivement politiques crypto personnelles. Lors de l’inauguration du nouvel aéroport qui porte le nom de Blaise Diagne, une nouvelle falsification grossière a effectivement fait du parrain, « un Lébou/Wolof de mère Diola » (sic). Par un tour de passe-passe, le père sèrère et la mère manjak ont disparu. L’un a été remplacé pour de bon par le même lébou wolof et l’autre par une mère diola cette fois. Probablement parce que cette dernière est issue d’une communauté qui a pris les armes alors que la Manjak est originaire de Guinée Bissau. Fallait-il la remplacer pour autant ? Que fait-on de nos propres Manjak sénégalais authentiques, vu le caractère artificiel et la porosité des frontières coloniales ? Sait-on qu’à l’indépendance de la Guinée Bissau, le gouverneur de la région de Gabou s’appelait Laye Seck qui avait des parents à Kaolack ? Pour qui connait le contexte sénégalais, le remplacement de Gnagna Preira par une mère diola qui n`a rien demandé est clairement un calcul politique individuel. Un journaliste présent à l’inauguration de l’aéroport pense que l’objectif de cette falsification est imputable à l’ancien président Wade dans le but de supprimer le nom de Léopold Sédar Senghor[6]afin de diminuer ou de modifier son influence prégnante dans la mémoire collective sénégalaise, africaine et mondiale…Le journaliste fait remarquer que c`est peine perdue: « c’est vouloir refaire l’histoire selon ses propres désirs politiques». Et tout ramener à soi au nom d’un égocentrisme dévastateur et revanchard[7]… «Mais on aura beau essayer on ne pourra jamais effacer Senghor dans la mémoire collective[8] ». Comment un intellectuel homme d’Etat de la dimension du président Wade a t-il pu se livrer à ce genre de calcul ? On pourrait se demander si c’est lui qui a écrit son livre très inspirant intitulé : Un destin pour l’Afrique. On pourrait se demander également si c’est le même qui voulait régler la crise casamançaise en 90 jours.

 

En réalité, plus que les hommes politiques contemporains, l’ostracisme dont parle Abbey touche plutôt les leaders historiques sèrères. Beaucoup parmi ces anciens souverains ont tué ou chassé de leurs pays, les jihadistes tyrans assoiffés de pouvoir qui avaient pris le masque de la religion : Godomaat a tué l’émir almoravide Abou Bakr Ben Omar en 1087 sur le fleuve, Mbégane Ndour du Saloum a tué le Lam Toro Ely Bana Sall et le marabout Diattara Tambédou (15e siècle), Dié Sanou Faye du Sine a chassé le jihadiste Omar Ndiougour Koubou (19e siècle), Coumba Ndoffene Diouf Premier également du Sine a tué le jihadiste Maba Diakhou Ba du Rip au sud du Saloum (19e siècle) etc. Plus particulièrement, l’hostilité dont parle Abbey serait à mettre sur le compte de ce qu’un autre analyste appelle le « complexe de Somb », du nom du village du Sine où s’est déroulée le 18 juillet 1867 la dernière bataille qui est encore dans les mémoires. Même là encore, l’on découvre que Maba Diakhou Ba est de mère sèrère native du Djolof (Amadou Bal Ba https://blog.mediapart.fr/amadouba19gmail.com  Billet de blog 22 déc. 2019)  amadouba19@gmail.com

  

La galerie présente brièvement des grandes figures et personnages sèrères ou d’ascendance sèrère ou liés au « pays » sèrère, hommes et femmes. On les trouve dans tous les domaines : politique, culture, religion etc., des plus anciens à ceux qui se sont illustrés plus récemment. C’est ce qui fait dire à Senghor et à l’ancien Gouverneur Saliou Sambou que les Sèrères sont « Le sel des peuples salés » (Senghor 1990).

 

[1] DIOP Bamba Mbakhane: 1973 Lat Dior et l’Islam. Dakar

[2] Le texte se réfère à la crise de Décembre 1962 qui avait opposé L.S. Senghor à Mamadou Dia accusé d’avoir fomenté un coup d’Etat et d’être emprisonné.

[3]En dehors du prénom Niokhor qui veut dire Guerrier en sèrère, le patronyme Diagne est réputé Maure. Mais comme l’indiquent les travaux sur les migrations en provenance de l’ancienne Mauritanies, de nombreux patronymes tous groupes confondus arrivés du nord ont fini par prendre à l’arrivée, l’identité ethnique du pays où ils ont abouti. Il y a probablement autant sinon plus de Diagne sèrères que Wolof ou Lébou. Si la ville de Saint Louis au nord a donné d’illustres intellectuels comme Pathé Diagne et Souleymane Bachir Diagne, il existe aussi des Diagne au centre ouest, jusqu’à l’extrême sud du pays à Edioungou, aux portes d’Oussouye.

[4] Il est fils de Semou Beer Diouf, Beer étant le nom local de Gorée (Arbre généalogique dressé par Idrissa Ndiaye Sanou traditionniste)

[5] Mamadou Dia 2001 : Afrique. Le prix de la liberté. L’Harmattan p 13, réédité en 2003.

[6] Le journaliste pense certainement que la construction d`un nouvel aéroport pourrait être motivée par la volonté d’ôter le nom de Senghor de la porte d’entrée du pays. Il aurait pu ajouter que c`est aussi pour mettre le nom de Diagne qui fut comme lui (?) le premier franc maçon négro africain connu.

[7] La rancœur de l’auteur de la manipulation s’est encore illustrée de façon peu honorable après sa défaite électorale face au Président Sall en 2012.

[8] Le Quotidien n° 4442 du 5 Décembre 2017 et Le Quotidien n° 4445 du 8 Décembre 2017 Aéroport international Blaise Diagne Le projet caché de Abdoulaye Wade d’effacer Léopold Sédar Senghor de la mémoire collective (par Kadialy Gassama)

DIOUF : Manguénukat Diouf le héros de la libération des pays wolofs de la domination du Djolof (16e siècle).

 

Présentation Ce récit publié par BECKER et MARTIN (1977) est une reproduction du document intitulé « Détails historiques et politiques, mémoire inédit (1778) de J. A. Le Brasseur », IFAN, Dakar, Série B, vol. 39, n°1 pages 10 et 11 http://tekrur-ucad.refer.sn.  

La première version concernant la création et la composition de l’empire du Djolof est celle du même Le Brasseur (1778). Elle relate le mythe d’un fondateur qui « En raison de ses connaissances et de sa sagesse, aurait été nommé premier roi des Yoloffes » à l’unanimité. Cette version montre que les pays non wolofs ne faisaient pas partie de la confédération. Cada Mosto, l’un des tout premiers navigateurs européens arrivés sur les côtes sénégalaises au 15e siècle excluait déjà ces pays de la liste des vassaux du Djolof. Beaucoup plus tard Boubacar Barry spécialiste reconnu du Walo qui a analysé les sources et documents disponibles sur la question, confirme que « l'Empire groupait au sein d'une fédération assez lâche, les royaumes wolofs du Walo, du Kayor, du Baol. Puis entre 1530 et 1550, le Kayor proclame son indépendance, suivi par le Walo et le Baol (Barry 1981 p24) ». C’est apparemment cette version que les autorités académiques françaises ont retenue. Dans les archives de la Bibliothèque nationale de France (BNF) reprises par la Bibliothèque du Congrès des Etats Unis et par la Bibliothèque d’Espagne, voici comment est présenté cet ensemble politique « : « L’Empire wolof . Fondé au XIIIe siècle, l'Empire ouolof se subdivise en quatre régions : Oualo, Cayor, Baol et Dyolof, unies sous la domination du Dyolof du XIVe au XVIe siècle. Vers le milieu du XVIe siècle, éclatement de l'Empire. » [1] Les pays sèrères du Sine et du Saloum ne faisaient donc pas partie du Djolof. Le Brasseur et des sources et traditions mentionnent au contraire le rôle d’un personnage du nom de Manguinak ou Manguénukat Diouf du Baol[2] (pays sèrère partiellement wolof) qui aurait conduit l’attaque victorieuse du Kajoor contre le Djolof (Yves Saint Martin, Becker et Martin 1977, Kany Samb, Mbaye Guèye 1989).

 

Résumé

Le texte en français du 18e siècle décrit la mésaventure du chef de la province du Cayor ou Kajoor qui était allé porter le tribut annuel de son pays au roi du Djolof. Celui-ci le fit attendre pendant deux jours sous le soleil. Manguénukat Diouf qui était son esclave ou son cousin selon les versions, dit au chef du Cayor qu’il ne méritait pas pareille humiliation et lui enjoignit de retourner sans plus attendre dans son pays et de s’y proclamer roi (damel). De son côté, le roi du Djolof qui se sentit blessé dans son orgueil par cette rébellion des Cayoriens envoya une troupe pour les punir. Ces derniers sous la conduite de Manguénukat résistèrent et finirent par vaincre le Djolof. Enhardi par cette victoire, ils auraient même envahi les pays maures et voulurent aller attaquer le Maroc...

 

Amarigonné Amari Ngoné Sobel Fall fils d’Yogonfalo Détié fu Ndiogu Fall, ici appelé Yogonfalo, qui était le père d’Amari qui lui succéda dans la vice-Royauté de Cayor porta au Roi (du Djolof), suivant l’usage, le tribut qu’il lui devait, mais le Roi ayant annoncé qu’il ne donnerait plus d’audiences que le vendredi, Amarigonné n’en put pas obtenir une et après avoir attendu à sa porte pendant deux jours et deux nuits dans un temps où la chaleur est excessive, tous ses officiers prirent le parti de piquer leurs hallebardes en terre et de se dépouiller de leurs pagnes pour lui dresser une tente qui devait lui servir d’abri jusqu’au vendredi.

Manguénukat[3] l’un de ses captifs, pour lequel il avait beaucoup d’amitié lui fit des reproches sur l’humiliation qu’il éprouvait et lui dit : « Si vous êtes véritablement grand, si vous avez l’âme forte et courageuse, vous retournerez dans votre gouvernement et vous y trouverez assez de forces pour y être Roi. Si vos ancêtres ont vécu dans l’esclavage, c’est à vous qu’il appartient de rompre ces chaines déjà presque détruites par la main du temps ; c’est à vous de créer une nouvelle puissance ; c’est vous /p. 96/ enfin qui devez jouir de ce beau sable blanc que le Dieu des mers apporte sur vos rivages ». L’orgueil d’Amarigonné fut confondu lorsqu’il entendit son captif lui tenir un pareil langage. Cependant il sentit toute sa force et l’envisagea comme un conseil dicté par l’attachement et dont l’exécution pouvait ajouter à sa gloire. On leva les tentes et l’on se mit en marche pour retourner à Cayor. Le Roi des Yoloffes piqué de cette marque de fierté de la part de son premier vassal, envoya un petit détachement pour l’arrêter, mais Manguenukat encore échauffé par les idées d’indépendance qu’il avait osé donner à son maitre, prit les armes avec toute la suite d’Amarigonné, eut une espèce de succès sur les troupes du Roy, et dit à leur chef : « Cours assurer ton maitre qu’il trouvera à Cayor un captif assez grand et assez courageux pour faire descendre du trône des Yoloffes tous ceux qui voudront s’y placer en tirans ». Les deux armées se joignent à demie lieue de Cayor, y combattent avec tant d’acharnement qu’elles furent toutes deux détruites en moins d’une heure. Boumenguelé y fut tué, Amarigonné et Manguenouka y reçurent plusieurs blessures.

Lorsqu’Amarigonné fut retourné à Cayor, il fut reconnu Roi (Damel) et Manguenukat en fut nommé l’Alquier. Il engagea son maitre à pénétrer chez les Maures où ils commirent de grands ravages. Il y fit et détruisit des Rois tour à tour ; il conçut même le projet d’aller attaquer le Roi de Maroc et il avait déjà fait plus de la moitié du chemin avec Amarigonné et son armée, lorsqu’ils tombèrent excédés de fatigue, au pied d’un pin de singe, situé dans les environs du village d’Acré. Il fit donner un coup de hallebarde dans le coeur de cet arbre et y fit placer l’anneau d’or qu’il avait au doigt en disant : « ce palmier doit être marqué, jamais Roi Nègre n’aura assez d’audace ni assez de valeur pour pénétrer jusques à lui ». Tous les Arabes qui viennent à Gorée assurent que cet anneau a toujours été conservé dans la même place et qu’il est considéré comme un monument élevé à la gloire du 1e Roy de Cayor.

 

[1]BNF : http://data.bnf.fr/12222633/empire_wolof/ Bibliothèque du Congrès http://id.loc.gov/authorities/subjects/sh85147250 Bibliothèque nationale d’Espagnehttp://datos.bne.es/resource/XX547472

[2]Mbaye Guèye Thèse 1989 : l'aff'irmation du Kajoor comme le royaume le plus puissant après l'éclatement du Jolof', a complétement éclipsé le rôle joué par les Bawol-Bawol dans la libération. Nombre de nos informateurs nous ont aff'irmé que si Amari Ngoné Sobel a pu obtenir l'indépendance, c'est grâce à l'aide des Bawol-Bawol.

[3] Note 19 de Becker et Martin : La relation de Le Brasseur insiste sur le rôle de Manguénukat qui était un captif d’Amari et qui poussa fortement son maître à combattre contre le roi du Jolof. Les autres traditions ne mentionnent pas Mangénukat, sauf celles présentées par A. M. Samb (Cadior Demb, Dakar, Impr. Diop, 1963, p. 6, qui le présente comme un vieux du Bawol, conseiller d’Amari) et par T. L. Fall (art. cit., p. 102-104, qui insiste sur l’amitié profonde qui unissait Amari à son cousin Manguinak Diouf et sur le rôle de ce dernier dans la guerre d’indépendance du Kajor). Le Brasseur seul considère Mangénukat comme un captif.

DIOUF : Hama’ Diouf (de) Gnila’ Faye Diouf.

   

C’est le roi du Sine que Boilat a trouvé à Diakhao le 20 juin 1848 : « Il est jeune et l’un des plus beaux noirs que j’ai vus ; d’une haute taille et d’une figure noble et distinguée ; il joint encore à ces avantages extérieurs des qualités de cœur et d’esprit, il parlait admirablement bien jusqu’à six langues différentes. Il est aimé de ses sujets et il les aime ». (David Boilat p 17). L’auteur a laissé un dessin en couleur du roi dans ses « Esquisses…sénégalaises ». On y trouve également l’image de la reine wolof Njembët Mbodj du Walo et son mari le Marosso. 

Jacques Diouf (1938 2019) est né à Saint Louis. L’ancien Directeur général de la FAO, la plus grande Agence des Nations Unies basée à Rome en Italie (1994 -2011) donne lui-même sa filiation. Dans sa contribution à l’hommage solennel rendu à Léopold Sédar Senghor à l’occasion de la célébration de son 90e anniversaire, il écrit :

« (…) Si j’étais politicologue (…), je rendrais hommage au bâtisseur qui, fidèle aux conseils prophétiques du général De Gaulle, a érigé sur la terre de Lat Dior, de Coumba Ndoffène, d’El hadj Omar, d’Aline Sitoé, un Etat « qui s’est donné les moyens de se faire obéir ». Hélas, je ne suis rien de tout cela. Mais parce que je suis de père sérère, je dirai d’abord : « Naa fio Léopold -Salut Léopold ». Parce que je suis de mère wolof, je dirai ensuite « Sa jaan wacc na Sedar –Quelle belle œuvre  accomplie, Sédar.  « Éloges de Senghor », Présence Senghor Unesco, Paris 1996 p. 46  

 

 

 

 

 

 

 

SENE : Alioune Sène (1932 -2005).

 

Né à Fatick de mère saint louisienne, il est petit fils de Mbagne Ndiougour Sène qui fut Grand Jaraaf ou Premier ministre dans l’ancien royaume du Sine. Sène est probablement à ce jour le plus remarquable des ministres de la Culture du Sénégal (1970-1978). Dans le contexte sénégalais, il serait l’équivalent d’un Jacques Lang, le ministre socialiste de François Mitterrand. Il a, en quelque sorte mis en musique et traduit en actes la politique culturelle intérieure et extérieure de Senghor. Il fut le parrain attentif de la création ou de la redynamisation d’un grand nombre d’institutions culturelles au niveau national et international.

Au niveau national, on peut citer entre autres, le renouveau des programmes de la Compagnie du Théâtre National Daniel Sorano avec Maurice Sonar Senghor, le développement de l’Institut national des Arts, la formation et l’affectation de personnels de la culture dans les régions, la création du Centre d’Etude des Civilisations avec Aminata Sow Fall et de la revue Demb ak Tey, la redynamisation des Archives Culturelles du Sénégal etc.

A travers le mécénat d’Etat, Sène a su donner une dynamique sans égal aux arts plastiques et aux artistes plasticiens, à la mesure de l’importance particulière que Senghor accordait à ce secteur.

On pourrait oublier qu’il fut parallèlement le responsable du Club Nation et Développement, un think tank consacré entre autres aux problématiques de la construction nationale et du développement.

Au niveau international, l’Institut culturel africain (ICA) basé à Dakar a animé pendant de longues années, sous sa houlette, la réflexion et les programmes consacrés aux politiques culturelles en Afrique, à l’époque ou peu de pays se préoccupaient de ce secteur des politiques publiques.

Sène fut aussi le maitre d’œuvre de la diplomatie culturelle de Senghor avec de nombreux colloques, conférences et rencontres d’intellectuels, écrivains artistes. C’est dans ce contexte qu’on a vu arriver et même séjourner à Dakar, les critiques les plus virulents de Senghor, à l’image d’un Wole Soyinka du Nigeria ou d’un Adotevi du Bénin entre autres. C’est encore à son initiative qu’ont été organisées des semaines culturelles sénégalaises à l’étranger et des semaines culturelles étrangères au Sénégal, ainsi que la création du Commissariat chargé des expositions d’art hors du continent etc. L’idée et l’avant-projet de la doctrine culturelle du continent appelée Charte culturelle de l’Afrique a mûri dans son Cabinet (Mamadou Seyni Mbengue), puis transféré et révisé avant son adoption par le Sommet des chefs d’Etat de l’OUA en 1976 à Port Louis (Ile Maurice), en passant par la toute première conférence des ministres africains de la culture (OUA UNESCO dite Africacult d’Accra en 1975).

A son initiative propre, le ministre a aussi veillé à la reconversion d’une pépinière de cadres universitaires avec notamment la création d’un département chargé de la formation des Conseillers culturels africains à l’Ecole internationale de Bordeaux, lointaine ancêtre de l’université d’Alexandrie, et du Centre de formation de l’ICA basé à Lomé (Togo). Ces initiatives ont abouti à la formation de cadres dont deux sont devenus ministre de la Culture et de nombreux fonctionnaires internationaux chargés de la Culture (OUA/UA, CEDEAO, ACCT- OIF, ISESCO (ligue arabe) UNESCO etc.).

Sa mission la plus ardue aura été la défense et la promotion de l’identité négro africaine dans le monde et le combat de concert avec Alioune Diop, pour le maintien de la ligne tracée pour l’organisation du deuxième Festival mondial des arts nègres (FESTAC 77). Le concept consacré à l’origine à la promotion des valeurs de civilisations du monde noir n’était pas nécessairement partagé par certains pays arabes et anglophones, notamment l’Algérie et le Nigéria. A l’époque, les premiers ne voulaient pas entendre parler de culture noire ni berbère et les autres étaient plutôt adeptes de l’African Personality, le pendant anglophone de le Négritude.

DIOUF: Ngalandou Diouf (1875-1941)

 

                              

 

 

 

 

Ngalandou Diouf est né à Saint Louis de mère très probablement wolof. D’après l’Arbre généalogique de Coumba Ndoffène Famak Diouf, dressé par Idrissa              Ndiaye Sanou traditionniste, il est fils de Niokhobaye Sémou Diouf dit Jean le Gros, lui-même fils de Sémou Beer Diouf. Beer est le nom local de Gorée. Ngalandou est le tout premier noir à obtenir en 1909 un mandat électif dans une assemblée représentative française en Afrique noire (Conseiller général de Rufisque). Il deviendra député en 1934 à la mort de Blaise Diagne.

 

Selon Iba Der Thiam, ce dernier est lui-même fils de Niokhor Diagne, sèrère originaire de Joal et de Gnagna Preira, une Manjak de Guinée Bissau (Iba Der Thiam Interview réalisée par Ndiaga Ndiaye, quotidien L’Observateur N° 2793 du vendredi 11 janvier 2013 page 7.)

SADJI: Abdoulaye Sadji (1910 1961)

 

 

 

 

 

 

 

 

Ecrivain né à Rufisque de père sèrère de Latmengué (Saloum). Deuxième bachelier du Sénégal, Sadji est l'auteur avec L. S. Senghor, du célèbre livre de contes illustré : La belle Histoire de Leuk le Lièvre (1953). Il est également l’auteur de plusieurs romans comme Maimouna, Nini Mulâtresse etc.

SENGHOR : Lamine Senghor (1889 1927).

 

 

 

 

 

 

 

Né à Joal comme Sédar l’autre Senghor (aucun lien), il est ancien tirailleur et l’un des tout premiers communistes sénégalais. D’abord militant de l’Union inter coloniale créée par le parti communiste français, il fonde en 1926 avec des personnalités africaines le Comité de défense de la race nègre. Ils côtoient des célébrités comme Padmore, Garvey, Messali Hadj etc. En 1927 au congrès constitutif de la Ligue contre l’impérialisme, il côtoie Nehru de l’Inde, Gumede de l’ANC d’Afrique du Sud, la veuve du chinois Sun Yat Sen, Albert Einstein, entre autres.  Son discours retentissant du haut de cette tribune fut traduit et diffusé outre atlantique. Après ce célèbre discours, il est arrêté (Le Quotidien 4 -5 décembre 2021)

SY : Cheikh Tidiane Sy Al Maktoum (1925 2017) Surnommé à la fois « le Mystérieux » et « Marabout intellectuel »

 

Al Maktoum est Khalife général des Tidjanes de 2012 à 2017. Il est issu à la fois de la famille Bour Sine Coumba Ndoffène Diouf 1e du Sine, de la famille Maba Diakhou Bâ du Saloum-Rip, et de celle Lat Dior Diop le dernier Damel du Cayor (Mahawa Sémou Diouf L’Information historique Colloque Sine/Ethiopiques 1992 p. 51)

 

MBACKE : Gaïndé Fatma Mbacké (1945 – 1978).

 

 

 

 

 

Son vrai nom est Serigne Cheikh Mbacké. Grand marabout mouride, il est de sang royal guelwar, famille Bour Sine et famille Lat Dior Diop (Mahawa Sémou Diouf L’Information historique Colloque/Ethiopiques 1992 p. 51)

 

GBODOSSOU : Dr Erick GBodossou médecin sénégalais originaire du Bénin. Lorsqu’il était étudiant dans les années 1970, il a collaboré avec Prof. Henri le Collomb fondateur de l’autre Ecole de Dakar axée sur l’expérimentation des méthodes traditionnelles de cure des affections psychopathologiques au Centre hospitalier universitaire de Dakar-Fann. Les expériences de Gbodossou ont débouché sur la création des programmes comme PROMETRA : Promotion de la médecine traditionnelle africaine (régional) et CEMETRA : Centre de médecine traditionnelle africaine (national) encore appelé Centre Malango de Fatick, tous axés sur des offres de services de médecine traditionnelle auxquels collaborent des guérisseurs traditionnels, avec contrôle scientifique. Le médecin coopère également à l’organisation et à la promotion des xoy ou assemblées annuelles des saltiguis, prêtres de la religion traditionnelle sèrère, qui sont souvent des guérisseurs. La cérémonie du xoy est désormais inscrite au patrimoine mondial de l’humanité. Les initiatives particulièrement novatrices du chercheur s’inscrivent dans une dynamique afrocentriste d’ouverture et d’échanges, quand on connait la place qu’occupe le Bénin son pays d’origine dans le développement des religions endogènes présentes aussi bien en milieu urbain africain que dans la diaspora atlantique.

La Note CA N° 68 Mai 2004 de la Banque mondiale cite : « Selon le Dr. Erick Gbodossou, Président de l’ONG Promotion de la Médecine traditionnelle (PROMETRA), la médecine traditionnelle — qu’elle soit africaine, asiatique ou Aztèque — peut être définie comme un système de connaissances, une sagesse ancestrale, ou un ensemble spécifique de pratiques permettant d’assurer l'équilibre de l'être humain et l'harmonie avec son environnement. Elle est un héritage culturel des populations indigènes qui la pratiquent (Voir page web sur les IK disponible à l’adresse : http:// www.worldbank.org/afr / ik/default.htm)

TINE: Diogomaye Tine de Gorom.

 

Célèbre chef sèrère du Diander, province jadis située aux environs de l’actuelle bourgade de Pout sur la route de Thiès. Quand  le Damel Madiodio Fall du Cayor céda sa province à Faidherbe en 1861, Tine manifesta son désaccord. Il invita Lat Dior Diop le résistant, compétiteur de Madior à occuper la région. Pinet Laprade exerça des représailles contre Pout. Puis il édifia le premier fort de Thiès. En 1863 Tine refusa de coopérer au recensement des villages de sa province. La même année, les Sèrères massacrèrent les soldats de la garnison de Pout. En représailles, Pinet Laprade et ses Tirailleurs encerclèrent avec des canons la localité. Diogomaye Tine fut finalement tué (Ousmane Sémou Ndiaye Ethiopiques n° 54 )

POETESSES : Les Trois Grâces de Senghor.

 

Ce sont les poétesses du royaume d’enfance du poète : Marone Ndiaye, Koumba Ndiaye et Siga Diouf ; et sa nourrice Ngaa  la poétesse.

SAMB: Aida Samb

 

 

 

 

Fille de la diva Yandé Codou Sène qui a repris sa troupe et perpétue son œuvre. Elle habite Gandiaye dans la région de Kaolack, au dernier domicile de sa mère, à 20 km de Fatick.

A ne pas confondre avec la désormais célèbre et talentueuse petite fille du grand griot wolof Samba Diabaré Samb.

MBAYE: Ndiaga Mbaye 1948 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

Auteur-compositeur-interprète wolof ressortissant du Sine, né à Tattaguine (Fatick), apparenté à Yandé Codou Sène. Peut être considéré à ce jour comme l’un des plus grands chanteurs traditionnels du Sénégal indépendant. Il était à la fois philosophe et poète.

D'ERNEVILLE: Annette Mbaye d'Erneville.

 

Première femme journaliste diplômée du Sénégal, femme de culture et de média, écrivaine, activiste, Annette Mbaye d'Erneville  est née en 1926 à Sokone, bourgade située dans l’ancien royaume sèrère du Saloum, aujourd’hui rattachée à  la région de Fatick. Annette est le fruit de métissages dans ce qu’il y a de plus riche et de plus noble. Elle se situe comme Senghor, « au carrefour des castes des races et des routes » (L.S.S : Œuvre poétique 1990 p.68). Tous les témoignages y compris les siens propres et ses biographes insistent là- dessus. De père lui-même métis franco guinéen et de mère sèrère, elle se marie à Joseph Mbaye, un wolof installé en France. D'Erneville son nom porte la particule d'une aristocratie bien française établie à Saint Louis depuis 1780. Elle porte, à part égale dans les fibres de son cœur, le royaume d’enfance tissé par sa mère qui aimait dit-elle, les grandes fêtes, au rythme sèrère. Saint-Louisienne « Doomu Ndar » et « Gourmette » (chrétienne) bon teint, elle tressaille toujours en entendant la Marseillaise, tape du poing sur la table en songeant aux visas qu'on demande aux Sénégalais pour venir en France, mais ne peut résister à la voix de Yandé Codou Sène la diva, griotte attitrée de Senghor. Elle est partagée entre une éducation un peu « vieille France » et un amour viscéral pour sa terre et ses traditions sèrères (France Culture). On l’a vue parfois dans les années 1970 en compagnie de grands artistes sèrères comme Sombel Faye et Yandé Codou Sène. Tata Annette -son surnom affectif, assume pleinement tout son héritage culturel familial : sérérité et francité des fleuves Sine et Seine dit le poète, mais wolof Doomu Ndar accomplie, citoyenne de Saint Louis, berceau de la civilisation sénégalaise afro arabo occidentale. Son nom est en lui-même un témoignage de sa double origine métis revendiquée. Annette est l'une des premières dame qui  iont inauguré au Sénégal, la pratique devenue courante consistant à ajouter son nom de famille (D’Erneville) à celui de son mari Joseph Mbaye devenu ministre du premier gouvernement du Sénégal indépendant. L’usage témoigne de la pratique de plus longue date, des mariages mixtes raciaux, ethniques et religieux qui tissent la nation sénégalaise. La pratique est aussi une revendication de parité, même dans la nomination. C'est la « tata » de la République dit le président Abdou Diouf. Son fils Ousmane William Mbaye cinéaste de grand talent créateur des anciennes RECIDAK[1] s’est récemment illustré (2016) avec le film KEMTIYU consacré au géant Cheikh Anta Diop.

 

[1] Rencontres cinématographiques de Dakar

SAMBOU: Saliou Sambou.

Ressortissant diola de Casamance, sud du Sénégal                                           

D’après la tradition, les Diolas sont des cousins rituels des Sèrères nés des deux filles Againe et Diambogne.

 

 

 

 

 

 

 

Sambou est homme de culture, par ailleurs administrateur civil, surnommé « Gouverneur culturel ». Il est actif dans les initiatives de renforcement et de promotion du cousinage entre les deux ethnies.    

Lorsqu’il était Gouverneur de la région de Fatick (1999), il a contribué de manière significative à la théorisation et à la prise de conscience accrue du rôle et de la place des Sèrères comme centre de gravité, groupe médian stabilisateur et ethnie pivot du dispositif de régulation, de pacification et de construction de la nation. Certes, ce rôle et cette place sont revendiqués reconnus et assumés de longue date sur l’échiquier national par les intéressés eux-mêmes depuis l’indépendance. Mais c’est à l’actif du Gouverneur Sambou d’avoir confirmé et validé de l’extérieur cette donnée fondamentale, de l’avoir intégré dans sa gouvernance locale, et d’avoir apporté sa pierre au développement du concept « d’ethnicité positive ou contributive » à valoriser, même s’il ne prononce pas le mot. Le concept part de son postulat que « toute culture est en soi un centre légitime d’où l’on peut considérer l’univers des autres cultures » (Préface Actes du Colloque des Journées culturelles du Sine Ethiopiques 1992).  Il a aussi été Gouverneur de la région de Dakar en pays lébou. Sambou son nom diola serait le répondant de Samb nom lébou (Article sur la diversité culturelle in quotidien Direct info N°107 du 10/4/12 p.5)

FAYE: Sombel Faye.

Célèbre chanteur à la belle voix éraillée. Originaire du village de Ndiaganiao, Sombel n’était pas griot. Dans les années 1960 et 1970, il était sociétaire de l’ensemble lyrique traditionnel du Théâtre national Daniel Sorano. Animateur hors pair, il faisait la joie du public de Sorano. C’est probablement un des plus grands artistes sèrères connus depuis l’indépendance (Archives de Sorano et de la RTS à Dakar et Kaolack). L’on disait qu’il avait un « bayré » puissant, autrement dit un charme ou charisme obtenu par des voies mystiques qui lui assurait un succès remarquable. Ses œuvres pourraient être reprises ou adaptées par les artistes de la nouvelle génération. Certaines œuvres de Mbaye Ndiaye l’étoile filante de la musique sèrère pourraient rappeler le style de Sombel. Selon Abbé Jacques Seck (Session du Cap des Biche Archidiocèse de Dakar p 117) Sombel signifie celui que l’on trouve là, du verbe somb. C’est aussi une référence au somb, arbre dont le bois imputrescible symbolise l’immortalité. C’est aussi l’étymologie du village de Somb cèlèbre champ de bataille (1867). En dépit de la signification de son nom associé symboliquement à la longévité, il est malheureusement mort prématurément.

FAYE: Safi Faye

 

 

 

 

 

 

 

Originaire de Fadial née à Dakar en 1943 et expatriée en France. Fadial, village historique du Sine est l’ancien siège de la Haute Cour de Justice du redoutable Diamé Ngom qui reçut Maysa Wally Dione, le guelwar arrivé du Gabou avec sa suite au 14e siècle. Il est situé non loin de Mbissel la première capitale du Sine, tous deux proches de Joal. Ses études de cinéma et ses œuvres font de Safi Faye la première cinéaste africaine noire. Elle a tenu un rôle avec Jean Rouch dans Petit à Petit 1969. Elle est mieux connue comme documentariste avec ses longs métrages Kaddu Beykat (Lettres paysannes 1976), Fad’jal 1979 dédié à son village qui magnifie le travail. Elle a également réalisé Mossane en 1996, film de fiction avec la voix de Yandé Codou Sène. D’autres œuvres ont été commanditées par des agences de développement. Selbé en particulier est dédiée à la femme rurale. Sa thèse de Doctorat en anthropologie porte sur la religion sérère.

                                              FAYE: Caroline Faye Diop,                                                                (1923 1992).  Née à                                                               Foundiougne (région de Fatick).

 

                                          Diplômée de l'École normale des                                              jeunes filles de l'Afrique Occiden-                                              tale française, (Rufisque) en 1945,                                            elle est la première femme députée (1963 1978) puis ministre. (1978 1980). Elle était l'épouse de Demba Diop homme politique de Mbour, assassiné en 1967. L’ancien Stade de l’Amitié porte le nom de Diop (« Femmes au Sénégal », Les Cahiers de l'Alternance (Dakar), Partenariat Fondation Konrad Adenauer et Centre d'études des sciences et techniques de l'information (CESTI), no 10, décembre 2006, p. 78-79 Le Stade de Mbour porte le nom de Caroline

FAYE: Louis Diène Faye né le 13 février 1936 à Joal, auteur-compositeur et producteur-réalisateur radiophonique. Il est surtout demeuré célèbre comme animateur de nombreuses émissions radiophoniques hebdomadaires sur la culture sèrère à l’ORTS. Cet anthropologue, auteur et spécialiste de la religion, de l'histoire et de la culturesérères, a approfondi l'étude des sciences religieuses  à l’Université catholique de Lyon.  

FAYE: Ngor Faye de Niakhar.

                               

 

 

 

 

Chercheur, grand spécialiste de la culture sèrère traditionnelle, précédemment enseignant, devenu administrateur civil. Il a assuré jusqu’à sa mort récente, le secrétariat du Comité chargé de la réécriture de l’histoire du Sine, après le fiasco de l’Histoire générale du Sénégal que certains milieux (ethnies, régions, familles religieuses), considèrent comme une atteinte délibérée à l’unité nationale. 

MARTIN ET BECKER : Victor Martin et Charles Becker chercheurs féconds, auteurs de : Lieux de culte et emplacements célèbres dans les pays sereer Bulletin IFAN, Tome 41, Série B, n° 1, ... 1979). Le document est un répertoire de plus de 500 sanctuaires familiaux, villageois et régionaux, ainsi que des lieux-dits et sites traditionnels remarquables de l’ensemble des groupes sèrères, toutes régions confondues. Sont inclus, tous les sites religieux du patrimoine national, classés par le ministère de la Culture. La liste comprend aussi les noms des familles patrilinéaires ou matrilinéaires qui assurent les cultes. L’un des sites les plus inattendus de la liste est le sanctuaire consacré au roi Sanou Mone Faye. Beaucoup d’observateurs et de chercheurs ont pu supposer qu’il ne pouvait pas être consacré pangol, en raison du caractère spécial de ce souverain, par ailleurs d’une bravoure légendaire, mais au règne très controversé. L’ouvrage peut être consulté à partir de bibliosèrère.com (Etudes et documents)

POUYE : Khardiata Pouye Etudiante en 2013 et cinéaste du village de Diass, situé à 40 km de Dakar sur la Nationale 1. Il est plus connu aujourd’hui à cause du nouvel aéroport Blaise Diagne.

 

Pouye a été primée au FESPACO de Ouagadougou en février mars 2013 par l’UEMOA pour son film sur la dépigmentation. De multiples symboles sont attachés à la couleur de la peau (Colloque de Dakar janvier 1976, sur « L’Afrique noire et le Monde méditerranéen antique » UCAD).

GUEYE : Daouda Guèye ethnomusicologue lébou, agent des Archives culturelles du Sénégal.

 

Il a entrepris au milieu des années 1970 une étude ethno musicologique sur les chants polyphoniques sèrères, transcrits sur portée, notamment ceux de Yandé Codou Sène. L’œuvre intitulée Réflexion sur la musique traditionnelle négro africaine a été préfacée par Marcel Diouf alors Directeur des Archives Culturelles. Elle se trouve à la Bibliothèque Nationale de France (BNF) data.bnf.fr

material description : ii-78 f. multigr.
note : note : bibliogr. p. 78
edition : [dakar] : ministère de la culture, archives culturelles du sénégal , 1975
préfacier : marcel diouf

Le travail de Guèye pourrait être repris pour d’autres classiques sénégalais comme Samba Diabaré Samb, Ndiaga Mbaye, Soundioulou Sissokho, Lalo Keba Dramé, les chœurs de Médina Sabakh etc. 

NGOM: Bousso Ngom

 

 

 

 

 

 

Première femme élue chef de village de Ndangalma, Département de Bambey, région de Diourbel, avec un taux de participation de 84,40% des chefs de carrés. Elle n’était pas membre du parti majoritaire (Direct Info du 18 mars 2013 N° 384 p 6). Cette élection situe Bousso dans la tradition des femmes sèrères pionnières dans certains domaines, à l’instar d’Annette Mbaye D’Erneville première journaliste diplômée ou de Caroline Faye première femme députée, également première femme ministre... La première reine sèrère de la région serait Sira Badiane ancêtre de Senghor et de la dynastie des Guelwars du Sine et du Saloum. Du reste, les anciennes dynasties des pays sèrères et wolofs de la région sont soit matrilinéaires soit appartiennent par la mère à un nombre limité de familles matrilinéaires. La région qui est aussi le fief de la confrérie des Mourides avait déjà élu une mairesse au chef lieu de région. Bien que la loi sur la parité adoptée à l’initiative du président Wade soit la bienvenue, les Sèrères n’ont pas attendu cette avancée démocratique, mais la loi a certainement aidé.

NDOM: Selbé Ndom.

 

 

 

 

 

 

Célèbre voyante, une sorte de Madame Soleil locale. Selon des « sèrèrologues », Roog ou Rooh le nom du Dieu unique des Sèrères serait dérivé du nom du Dieu solaire égyptien Râ. Selbé Ndom s’est fait connaitre  grâce aux pronostics de combat de lutte, pronostics largement médiatisés à la mesure de l’engouement que suscite ce sport traditionnel.

Elle lit l’avenir en interprétant les différentes positions des cauris, coquillages de l’Océan indien (cypraea) qui servaient jadis de monnaie. Ils ont vaguement la forme du pavillon de l’oreille humaine. L’autre face du cauri pourrait également rappeler disent certains, la forme du sexe féminin associé à la fertilité.

 

 

 

 

 

 

     

Ces coquillages blancs qui entrent dans la confection des pentacles et talismans sont des symboles de fertilité et sont sensés apporter la fortune. Ils servent aussi d’objets décoratifs. Des cauris ont été retrouvés dans des sépultures européennes témoins d’une antique religion (voir Les cauris : agent magique chez les égyptiens, un talisman de fertilité et comme monnaie   (Claudia Zaslavsky: Africa counts, Numbers and Patterns in African Culture.  Lawrence Hills Company,       Wesport Connecticut 1979 p 7 70)   

GUEYE Maurice Guèye (1888 -1966)

 

 

 

 

Sèrère du Baol, député maire de Rufisque de 1925 à 1935 puis de 1945 à 1960 (Makhtar Diouf. Sénégal. Les ethnies et la nation NEA page 51 1998). La grande avenue qui traverse la ville porte son nom. 

BA Abdou Bouri Ba

 

Essai sur l'histoire du Saloum et du Rip, par Abdou Bouri Ba. Avant-propos par Charles Becker et Victor Martin, BIFAN, Tome 38, Série B, n° 4, octobre 1976. Ce Notable hal pular de Nioro du Rip était un spécialiste apprécié de l’histoire et des traditions du Saloum et du Rip, Etat théocratique, fief de l’Almamy Maba Diakhou Bâ au 19e siècle.

DIAGNE Modou Diagne dit Gassoul de Domb (Diourbel)

 

Célèbre saltigui prêtre de la religion traditionnelle du village de Domb. Il décrit dans quelles circonstances son ancêtre maure Birahim Moctar Diagne en conflit avec le roi (maure) de l’époque l’avait obligé à quitter le nord (l’actuelle Mauritanie ou la vallée du Sénégal), à prendre le chemin de l’exode jusqu’au Baol dans la périphérie de Diourbel, en pays sèrère, en passant par le Djolof. Informateur particulièrement prolixe, sa devise tambourinée ou étendard sonore qui annonce son entrée ou ses exploits dans les xoy ou assemblées de voyants dit: « Gassoul Diagne Gassoul ! Gor dey gessou ! » Ce qui indique qu’en plus de ses dons intrinsèques, il fait des recherches à la fois pour augmenter ses pouvoirs mystiques mais aussi ses connaissances sur la tradition sèrère (Diouf 1996, et revue Demb Ak Tey ministere de la Culture)

         

 

 

 

 

 

                                                                                     

Voyant saltigui et son bonnet phrygien    Koromak Faye saltigui très médiatique

DIOM Fatou Diom

 

Née en 1968 dans l’Ile de Niodior, dans le delta du Saloum Ecrivaine expatriée en France, elle est l’auteur de plusieurs romans dont Le Ventre de l'Atlantique son premier roman paru en 2003  aux éditions Anne Carrière.

MENHEIM Nicolas Menheim

 

 

 

 

 

 

Musicien chanteur libano sénégalais né à Diakhao de mère sérère. Membre fondateur du groupe panafricain de salsa Africando.

NDIAYE Mbaye Ndiaye du village Baak o Boof, un quartier de Thiadiaye.

 

Chanteur talentueux qui donne l’image d’une étoile filante dans le firmament de la musique sénégalaise : il n’a pas su gérer la belle carrière qui s’ouvrait devant lui, après le lancement fulgurant de son premier album Kam Ndiik, titre éponyme salué unanimement par le public et la critique. Il est actuellement sociétaire de l’Ensemble lyrique traditionnel (Théatre national Daniel Sorano).  

SENE Gnila’ Bigué Sène de Nqayokhème

Célèbre dans les années 1970 grâce à son « tube » Mbambé, ou « Maitre Cabri », une satire de la société rurale sèrère de l’époque (Diouf 1996, RTS et CEC).

 

 

SENE Simon Sène de Ndos (Niakhar)

Chanteur, qui s’accompagne du riti, sorte de vièle sèrère. Vient d’être nommé Ambassadeur de la culture sèrère par des membres de la diaspora en France (2013).

SECK. Abbé Jacques Ngo’ Deb Seck de Palmarin/Sangomar.

 

 

 

 

 

C’est en homme riche des valeurs de son patrimoine et enraciné dans son identité qu’il mène sa mission de prêtre et de « porte –paix », ouvert aux autres cultures et spiritualités locales et universelles. Il est aujourd’hui, côté chrétien, avec ses partenaires musulmans notamment, un des plus fervents animateurs du dialogue islamo chrétien. Il est à l’aise dans les sourates et versets du Coran qu’il cite à volonté dans la conversation, les rencontres ou les débats publics et télévisés. Il est surnommé « Prêtre musulman et Imam chrétien ». (Colloque sur le dialogue inter religieux Unesco BREDA p. 152

 

Symbole du dialogue islamo chretien

à l’entrée de l’école des Maristes (Hann)     

NDOUR Youssou Ndour

 

Né en 1959 à Dakar de père sèrère, de mère wolof. C’est très certainement le Ndour le plus cèlèbre après Mbégane Ndour, le conquérant fondateur de l’ancien royaume sèrère du Saloum (15e siècle). Il est à la fois Star mondiale et homme d’affaires, par ailleurs ministre du Tourisme (2013). Paul Mignane Sarr ancien conservateur du Musée dynamique pense que le terme mbalax qui désigne la musique popularisée par l’artiste pourrait être un mot sèrère qui désigne une danse guerrière ou gymnique, une sorte d’esquisse de sport de combat. Cette danse très physique consiste à sauter et lancer en arrière alternativement l’une puis l’autre jambe. Mbalax dérivé de fal ruer signifie littéralement « ruade ». En réalité, la danse du mbalax actuel s’appelle sabar en wolof.

SENGHOR Blaise Senghor (1932 1976)

 

Cinéaste né à Joal, apparenté au poète président Senghor et à Maurice Sonar Senghor. Son film Le Grand Magal de Touba remporte l'Ours d'argent au Festival de Berlin 1962. Il a occupé de hautes fonctions auprès de l'UNESCO. Un centre culturel dakarois porte son nom.

SENGHOR Maurice Sonar Senghor littéralement l’Infatigable en sèrère (1926 2007).  

 

Homme de théâtre talentueux, premier Directeur du Théâtre national Daniel Sorano, pendant de longues années, par ailleurs neveu du président Senghor, apparenté à Blaise Senghor, cinéaste. Dans les années 1940 Maurice dirigeait déjà une troupe théâtrale africaine à Paris avec la participation d’Annette Mbaye d’Erneville, la célèbre journaliste alors étudiante. Ses nombreuses réalisations de qualité qui s’inscrivent dans la dynamique de la diplomatie culturelle de Senghor sont reconnues.

 

Cependant, des lacunes sont à déplorer dans sa programmation. Au titre de l’indispensable diversité culturelle, il n’avait pas pris en compte de manière satisfaisante la participation et la contribution de toutes les expressions artistiques du pays, notamment celles des minorités et de certaines régions dites « périphériques ». Aucun artiste ou ensemble diola, bassari, mankagne ou manjak par exemple ne figurait au répertoire de l’ensemble lyrique de Sorano, tout au moins dans les années 1960 et 1970. Dans le concert de la culture nationale ces communautés n’avaient pas voix au chapitre. En matière d’art et de culture, il n’y a pas de minorité, ni de périphérie, ni de genre. Une voix comme celle de Césaria Evora a longtemps dominé de son talent, celles de beaucoup d’artistes des quinze autres pays d’Afrique de l’Ouest et au delà.

ANNONCES :

 

Bientôt sur cette partie sèrère du site biblioserere.com : Abdou Diouf, Jacques Diouf, Lamine Arfang Senghor, la tombe de l’ancêtre des Diouf du Sine, du Saloum etc., Mamadou Dia, Macky Sall, Mgr Hyacinthe Thiandoum, Khady Simel Diouf, Felwine Sarr, Mbougar Sarr, Babacar Sédikh Diouf, Dr Eric Gbodossou, Henry Gravrand, Alphonse Raphael Ndiaye, Issa Laye Thiaw, Marie Ngoné Ndione, Alioune Sène, etc.

FAYE: Wasilla  Faye roi fondateur de Diakhao la dernière capitale du Sine (14e siècle). Elle est située à environ 40 km de Fatick. Wasilla institua aussi avec son frère, l’un des cultes de Mindiss, le génie tutélaire de la ville de Fatick (Gravrand). C’est le « Walla Sylla roi de Joala » des sources portugaises (Nize de Moraes).

SARR:  Pangha Yaay Sarr.

 

Un des puissants Lamanes ou Maitres de terre autochtones qui s’est opposé avec détermination à la prise du pouvoir par les fondateurs de la dynastie guelwar venus du Gabou au 14e siècle. Son nom qui signifie « Souche de yaay » espèce caractéristique de la flore locale, semble traduire la résistance du personnage. La souche symbolise à la fois l’enracinement, la ténacité, l’obstacle sur lequel l’on bute sur chemin. Pangha Yaay figure sur la liste des rois du Sine comme régent.

FAYE: Wagane Téning Diome Faye

 

3éme roi du Sine, petit fils de Maissa Wally Dione, de père sèrère (Bougar Biram Faye) fondateur du pays parfois appelé le Sine Wagane. C’est lui qui a affronté les notables sèrères opposés à la mainmise des guelwars sur le Sine (Gravrand 1983 et Diouf 1996) La tradition orale a gardé le souvenir de ces hostilités avec, dit Gravrand, ce véritable communiqué de guerre datant de plus de six siècles :

Ngor 0 Nguédémane, Wagane l'a tué ! 

Diogo Sagniane Diakanème, Wagane l'a tué !

Gawlo Bousnakh, Wagane l'a tué !

Lâ-Ndiougane de Diakhère, Wagane l'a tué !

Ndigue-a-Parare, Wagane l'a tué !

Djibane l'Aveugle de Podôme, Wagane l'a tué ! En disant : "Un aveugle ne saurait posséder un troupeau à lui, au lieu de ceux qui voient !".

C’est encore lui qui a introduit (14e siècle) les fameux djoun-djoung tambours royaux symboles du pouvoir. Il avait installé sa capitale à Ndiongolor village aujourd’hui situé sur la Nationale 1 à environ 10 km de Fatick

Voici des éléments de chant de louange à sa gloire (Fata Ndiaye) partiellement repris par Youssou Ndour.

 

Dugu Dugu Wagane !

Yaakiis Wagane !

Garabel Wagane !

Xanjang Wagane !

 

Ces mots que l’on croit être les noms de sa descendance sont en réalité ses attributs : Dugu dugu est sa lance ; Yaakiis, son coursier rapide ; Garabel, son juron favori (Qui vient est cuit !) ; Xanjang, sa pipe

NDOUR : Mbégane Ndour roi du Saloum (1493 1513) et sa contribution à la construction du Sénégal moderne

Mbégane Ndour le fondateur du Saloum au 15e siècle est sans doute l’une des plus grandes figures historiques de Sénégambie. Petit neveu de Maysa Wally Dione né à la cour du roi du Sine,  sa diplomatie active à contribué dès cette époque, à la construction de la nation sénégalaise. Même si lors de sa conquête il a tué successivement (les jihadistes ?) Lam Toro Ely Banna Sall et Diattara Tambédou, il aurait épargné un Peul du nom de Ilo déjà installé dans la région (Diouf 1996). Il aurait ensuite agrandi et consolidé le royaume avec l’aide d’un grand chef religieux soninké musulman du nom de Saloum Souaré, le fondateur du mouvement des Diakhanké pacifistes.

NGOM : Diamé Ngom (de) Fadial  et le gouvernement du Sine pré guelwar.  

 

Le personnage est resté célèbre comme président de son fameux tribunal, sorte de Haute Cour de Justice ou Cour Suprême particulièrement redoutée. On y infligeait des peines de mort. Diamé est entré dans l’histoire  parce que  c’est vers lui  à  Fadial, près de Joal qu’ont été dirigés les guelwars arrivés du Gabou (Guinée Bissau). Il était lui-même l’un des quatre grands lamanes, dignitaires ou Maitres de terre installés dans le Sine, avant l’avènement de la dynastie des Guelwars. Outre Diamé, il y avait  le Lam Songo de Diouala-Palmarin, Wa Satim de Ndokh et le Lam Ndiafadj de Khokhem (Biram Ngom Ethiopiques p29).On cite aussi Mbaap o Nguessine. Ils constituèrent la Commission consultative puis l’Assemblée délibérative convoquées par Diamé Ngom pour statuer sur le cas des nouveaux venus. D’abord réfugié politique, puis conseiller auprès de la Cour de justice de Diamé, Maysa finit par prendre le pouvoir (Niokhor Balé Diouf in. Diouf Lances Males 1996).

FAYE: Bougar Biram Faye de Mbafaye Djilakh dans l’ancienne république du  Ndièghem (Ndiaganiaw) est le nom du bel athlète lutteur sèrère qui a épousé une princesse guelwar venue du Gabou mandingue. Leur fils Wagane Téning Diome Faye est considéré comme le véritable fondateur du royaume du Sine (14e siècle). Son prénom Bougar (et non Boucar) signifie l’homme du « refus ».

Parade de lutteurs sèrères (KemiWiki fr.kemiwiki.org)  

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AGAINE ET DIAMBOGNE Le mythe des deux sœurs ancêtres des Diolas et des Sèrères

 

Bien que ce soit largement ignoré aujourd’hui, il y avait,  jadis, des diasporas sèrères en Sénégambie méridionale. Leur lien avec les populations de Casamance est attesté par le mythe de l`apparentement et de la séparation des deux sœurs Againe et Diambogne, ancêtres respectives des Diolas et des Sèrères, aux environs de la vallée de la Gambie ou du Saloum (Brigaud 1962 ; S. Guèye 1971 ; Gravrand 1983; Diouf 1996 ; S. Sambou 2005).Outre le mythe et ses variantes, des traditions, des indices concordants et surtout de nombreux auteurs[1] montrent que des Sèrères étaient présents à une certaine époque en Gambie et en Casamance, jusqu’au Fouta Djallon. A.Ngaidé : 2009 (UCAD) explique comment des Sèrères se sont retrouvés en Guinée Bissau. La conquête vers 1250 de ce qui sera l’empire du Gabou par le général Tiramakhan Traoré du Mali est contemporaine dit-il, de la longue descente vers le sud, des populations noires de la vallée du fleuve Sénégal, sous la pression des Berbères et du mouvement d’islamisation. Au nombre de ces migrants se trouvent les Sèrères qui s’éparpillent à travers les bassins et les iles du Saloum et de la vallée de la Gambie. Plusieurs d’entre eux arrivent jusqu’au Gabou et sont progressivement intégrés au royaume et se métissent aux mandingues (A.Ngaidé op cit). On sait aussi que les Diolas se trouvaient plus loin à l’est d’où ils ont été repoussés jusqu’en Basse Casamance. Leur présence antérieure à l’est est attestée par leur parenté à plaisanterie avec les Bassaris (Girard 1994). Non seulement Sèrères et Diolas étaient présents dans l`extrême Sénégambie méridionale, mais des auteurs coloniaux comme Arcin et Germain signalent « au nord-ouest du 

Fouta-Djallon, une « confédération Sérère-Diola » « dominée par les Sérères »,  dans laquelle s'étaient introduits des autochtones. Comme Ngaidé, des traditions relayées par Arcin prétendent même que c’est cette confédération qui aurait fondé le Gabou (note p 64). « La légende des Guélowar dominant le N'Gabou les fait descendre dit-il, de deux princesses réfugiées chez les Sèrères-Diolas et épousées par le chef du pays. Le pouvoir se transmet dans cette famille par les femmes ». Comme le montrent le mythe, mais aussi un auteur gambien, c’est du Gabou que des Diolas et des Sèrères auraient migré ultérieurement en direction de la Casamance et de la Gambie, jusqu`au Sine et au Saloum au Nord (Sonko-Godwin 1985 : 61). Des traditions recueillies par Noirot et Bourgeau[2] appellent « Aguenu, l’une des deux princesses chefs de la migration guelouares » (De Moraes 1998 : 157 et note 286 :179)[3] .

Diambogne est un prénom féminin en pays sèrère. Il ne semble pas que le prénom Againe y soit connu. Par contre, on trouve encore aujourd’hui les deux prénoms chez les Diolas. Au village de Diourou (Département de Bignona), une dame du nom d’Eulalie Badji surnommée A Diambogne est décédée vers 1970. Elle était originaire de Niamone qui serait un village bainounk. Une autre du nom d’Aguène Coly est toujours présente à Diourou (2017).

Comme Sira ou Siga Badiane ou Badyar l’ancêtre de Senghor, Againe et Diambogne provenaient peut-être du mont Badyar, le pays des Badyaranké qui était une des régions du Gabou (voir la carte avec l’itinéraire des guelwar en provenance du Badyar

 

[1] Pinet Laprade 1865 ; Arcin1911 ; Delafosse 1912 ; Delafosse/Soh 1913 ; Yoro Diao/ Tauxier 1937 ; D. P.  Gamble 1957 ; Trimingham 1962 p 83 ; Horton 1971 p 78 à 119 ; Levtzion1971 pp137-138 ; Quinn 1972 ;  Becker et Martin 1977 ; Thierno Diallo 1977; Gravrand/Mahécor 1983; J. Germain 1984 ; O. Kane 1986 ; M. Diouf 2001 p184 ; A.Ngaide 2009  etc.

[2] Noirot 1933 p 6 note 1 cité par J Bourgeau Notes sur la coutume des Sereres du Sine et du Saloum, Paris in Bull. Com. Et Hist Sc AOF XVI 1933 I p7. Les deux sœurs Againe et Diambogne seraient des princesses chefs de la migration guelwar.

[3] Nize Isabelle de Moraes A la découverte de la Petite cote au XVII siecle (Senegal et Gambie)  tome iii 1664 1672 et tome  IV  1672 1679  IFAN Universite Cheikh Anta Diop Dakar 1998.

AGAINE ET DIAMBOGNE Des éléments historiques du mythe des deux princesses diola et sèrère

En sèrère, le nom commun avec l’article o ndiambogne désigne une arme mystique redoutable. Le possesseur est capable de diriger un serpent contre un ennemi. Cette attaque est assimilée à un acte de sorcellerie. Mais si l’on en croit les traditions, les deux sœurs qui auraient conduit une migration en provenance du Gabou n’étaient pas de simples migrantes, mais des reines guelwars. Les niantcho du Gabou comme les guelwars des pays sèrères sont réputés pour leur valeur guerrière, mais aussi pour leur pouvoir « psychurgique [1]», c’est à dire la capacité  de faire des miracles. Ils possèdent des pouvoirs extraordinaires que les autres Mandings n’ont pas (Faal p100 ; Girard 1992). Comme la plupart des souverains du Soudan occidental, ce sont des héritiers des Pharaons. Les rois thaumaturges du Ghana (Wagadou) et du Songhaï (Gao) avaient des pouvoirs de bilocation[2] et la faculté de parcourir des grandes distances en un clin d’œil[3].La manipulation du ndiambogne était peut-être l’une de ces armes mystiques dont les femmes de pouvoir étaient détentrices. A Diambogne le surnom de l’une des femmes de Diourou avec l’article (a) précédant le surnom semble suggérer en langue diola qu’il s’agit d’un nom commun comme (o) ndiambogne en sèrère. Les locuteurs diolas pourraient confirmer le cas échéant que le (a) qui précède Againe est aussi un article. Faut-il lire a Gaine, a Guène, ou a Guenu ? Quelle en est la signification ?

Si l’on interroge les traditions des peuples voisins, on découvre que le procédé du ndiambogne existait dans les sociétés du Soudan occidental et central. Boubou Hama du Niger montre que certaines personnes comme les Zinci, pêcheurs sorko insulaires sur le Niger avaient le pouvoir d’envoyer à une très grande distance leurs serpents pour tuer leurs ennemis. Ils utilisaient un poisson transformé en serpent comme arme. Les Dogons ont aussi pour agent d’exécution, des serpents de fer qui agissent rapidement et s’en retournent (SCOA/ARSAN 1981 p 224 225) « Les mages de l’Egypte pharaonique appelaient  lion céleste le feu incorporel, agent générateur de l’électricité qu’ils savaient condenser  ou dissiper à leur gré. Ils appelaient aussi serpents, les courants électriques de l’atmosphère, magnétiques de la terre, qu’ils prétendaient diriger comme des flèches sur les hommes (E.Schuré p280). Eschyle le poète grec chante les flèches du Dieu Apollon « serpent à l’aile blanche qui s’élançaient de son arc d’or » (idem p 285). Djibril Tamsir Niane confirme que l’utilisation des animaux (abeilles, sauterelles, serpents etc.) comme moyens de protection ou d’attaque est très répandue dans la région (SCOA/ARSAN 1977 p. 40 41). Les Konyagui par exemple seraient des Bassaris. Ils auraient été surnommés konyagui, en référence à leur utilisation des abeilles guerrières.

Les pourcentages de racines communes des langues sénégalaises du nord de la Gambie montrent qu’il y a une plus grande proximité entre diola et sèrère qu’avec les autres langues.  

-Jola -Sèrère 17% ;

-Jola-Wolof 13% ;

-Jola -Pular 13%.

 

[1] Terme utilisé par E. Schuré pour désigner « la force de l’âme »

[2] La capacité d’être à plusieurs endroits à la fois

[3] Les Lébous et les Sèrères avaient aussi ces dons. Les Lébous appelaient ce vol : « saut d’homme » ou tëb u goor Voir Malick Sarr Les Lébous parlent d’eux-mêmes 1981 NEA ; et Gravrand  

AGAINE, DIAMBOGNE ET MANE: Une troisième sœur lébou ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   Le Roi d'Oussouye

Région de Ziguinchor

Dans l’ouvrage intitulé Lances Mâles (Diouf 1996), l’auteur est formel : alors qu’il était étudiant à l’université de Dakar (1968-72)  il a eu entre les mains un texte inédit d’un auteur oublié qui mentionnait une troisième sœur dans la pirogue. Elle serait l’ancêtre des Lébous. Le texte indiquait que Mâne son nom, qui est également un prénom féminin sèrère est aussi le mot par lequel on s’adresse avec déférence au roi d’Oussouye en pays diola. Le texte indiquait par ailleurs, ce qui est connu : les rab, esprits ancestraux du culte lébou résident à Sangomar, la capitale des génies de toute la contrée[1].  On sait aussi que le génie tutélaire du sanctuaire  de Sangomar (Palmarin) où les soeurs se seraient séparées est Mane Diabbia Diouf une autre femme surnommée a Pangh a baal, la Souche Noire[2] La troisième sœur lébou a-t-elle été ajoutée au mythe ? Quoi qu’il en soit, on ne peut ignorer l' autre légende des trois sœurs Sanou, Mânou et Diouma qui dans certaines versions sur le Gabou seraient les mystérieuses sœurs nées de la femme trouvées par un chasseur dans une grotte et qui seraient les ancêtres des dynasties guelwars du Sine et nianthios du Gabou. Sanou et Manou ont-ils  donné les patronymes traditionnels des rois du Gabou Sané et Mané, noms mandings inconnus au Mali ? Sur les nombreuses versions et les cousinages au sud de la Gambie, voir Girard 1992.

 

[1] Adja Oulimata Diop, fille de Mame Fatou Seck 72 ans. Propos recueillis en 2011 par Chérif Faye à Thiawlène Digg Rufisque ;  Zempleni A. 1966. La dimension thérapeutique du culte des rab, ndöp, tuur et samp, rites de possession chez les Wolofs et les Lébous in Dumez R. et Ka M. (2000)

[2] Abbé Jacques Seck in Recherche et Liaison Cap des Biches 1972 Archidiocèse de Dakar p 171 172.

BA : Maba Diakhou Bâ.

 

Marabout toucouleur (Hal Pulaar), Almamy du Rip (Nioro, 19e siècle). Islamo fédéraliste et résistant à la colonisation française, il tenta à son tour de coloniser et d’unifier le Sénégal (pays wolofs, mandings et sèrères) et la Gambie, sous la bannière  de l’Islam. C’est en jihadiste conquérant qu’il s’attaqua aux Sèrères du Sine malgré l’avis contraire d’El Hadj Omar Tall, l’inspirateur du mouvement réformiste en Afrique occidentale. Sa vaste coalition vaincue, il fut tué à Somb dans le Sine par Coumba Ndoffène Diouf le Grand le 18 juillet 1867. Son mausolée se trouve sur le champ de bataille. Les traditions mandingues de Gambie l’appellent Maba Diougou Bâ (Sekéné M. Cissoko p121).

La carte ci-contre désigne "les batailles de Maba" in Klein 1977

DIOUF : Coumba Ndoffène Diouf le Jeune et “l’Affaire Ahmadou Bamba » 

 

Ce roi du Sine eut un règne placé sous les meilleures auspices (1897 1924). Symbole de la prospérité ambiante, l'on dit que le miel tombait des arbres dans les calebasses (Plaquette des Journées culturelles du Sine (1992 Ethiopiques). En outre, il a bénéficié d’un grand prestige diplomatique suite à « l’Affaire Ahmadou Bamba », du nom du dossier du vénérable chef religieux fondateur de la confrérie des Mourides en butte à l’hostilité des autorités coloniales. Le haut fait méritoire du roi est d’avoir pris la défense du marabout qui était victime d’un complot d’une partie des membres de l’aristocratie traditionnelle wolof vaincue par les Français. Jaloux de son audience auprès de la population, ils le présentaient comme un homme assoiffé de pouvoir temporel. Le complot devait consister à déposer des armes dans sa résidence de Bamba, à son insu, avant de le dénoncer aux Français. Coumba Ndoffène dépêcha un détachement armé pour défendre la résidence de Bamba et rendre impossible le complot. Il se rendit ensuite à Saint Louis au siège de la Colonie pour témoigner de la bonne foi du Marabout (1903). Bamba fut néanmoins déporté au Gabon, et Coumba lui-même perdit momentanément son commandement de chef de Province. Ce témoignage est célébré chaque année à Diakhao par les deux familles  de Coumba Ndoffène II et de Bamba.

 

                           DIOUF : Mahécor Diouf.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(Mayekoor) est le dernier bour ou maad roi du Sine (1924-1969)  avant l’intronisation récente de Niokhobaye Diouf (2019. Mahécor avait succédé à Coumba Ndofène Diouf Junior, le protagoniste dans « l’Affaire Bamba ». C’est lui qui avait clôturé la liste des rois guelwar du Sine. Il était l’un des principaux informateurs de H. Gravrand. Le chercheur révèle que le roi  voulait convoquer des assises « nationales » du Sine sur la civilisation sèrère. Malheureusement, le projet ne s’est pas matérialisé. Pour sa part, Bouna Alboury Ndiaye le descendant du dernier Bourba avait effectivement crée une commission consacrée à l’histoire du Djolof  (Omar Ndiaye Leyti. Le Djolof et ses Bourba NEA 1981).

NGOM : Diamé Ngom (de) Fadial  et le gouvernement du Sine pré guelwar.  

 

Le personnage est resté célèbre comme président de son fameux tribunal, sorte de Haute Cour de Justice ou Cour Suprême particulièrement redoutée. On y infligeait des peines de mort. Diamé est entré dans l’histoire  parce que  c’est vers lui  à  Fadial, près de Joal qu’ont été dirigés les guelwars arrivés du Gabou (Guinée Bissau). Il était lui-même l’un des quatre grands lamanes, dignitaires ou Maitres de terre installés dans le Sine, avant l’avènement de la dynastie des Guelwars. Outre Diamé, il y avait  le Lam Songo de Diouala-Palmarin, Wa Satim de Ndokh et le Lam Ndiafadj de Khokhem (Biram Ngom Ethiopiques p29).On cite aussi Mbaap o Nguessine. Ils constituèrent la Commission consultative puis l’Assemblée délibérative convoquées par Diamé Ngom pour statuer sur le cas des nouveaux venus. D’abord réfugié politique, puis conseiller auprès de la Cour de justice de Diamé, Maysa finit par prendre le pouvoir (Niokhor Balé Diouf in. Diouf Lances Males 1996).

NGOM : Lât Djiké Ngom de Logdir Communauté rurale de Diarekhe (Fatick).

 

Latyr est l’un des derniers grands griots ou communicateurs traditionnels sénégalais, généalogiste réputé, également spécialiste du njaac, panégyrique ou louanges chantées avec tambour d’aisselle (tama). Il a longtemps tenu « la chaire traditionnelle d’histoire » du Sine. Selon la croyance populaire, il se serait réincarné 7 fois. Ce don lui permettait de décrire les événements historiques avec un luxe de détails comme un témoin oculaire. C’est le roi Mahécor Diouf qui a révélé qu’en fait de réincarnation, sa maitrise de l’histoire tenait plutôt aux enseignements reçus en famille, ainsi qu’à une solide formation à l’ancienne, acquise en son temps auprès des meilleurs spécialistes du Sine et de la région, dans le cadre d’un périple-cursus qui était de rigueur pour les membres de la profession.

NGOM : Laba Diène Ngom fameux saltigui prêtre voyant combattant du village de Bof dont les prouesses mystiques auraient contribué à la victoire du Sine sur les jihadistes en 1867. Comme  Sonni Ali Ber le Grand, empereur du Songhay qui surveillait son vaste empire en volant comme un aigle (A.Ba Konaré Afrique Histoire N° 8, 1983 p 19-24), Laba aurait effectué par lévitation, un « vol de reconnaissance » au-dessus des armées (Diouf 1996).

DIOUF : Boucar O Ngoni Diouf

 

Boucar dit Mbaye no Mbino Ngoor est le héros de l’attaque-surprise de Mbino Ngor dans le Sine (23 avril 1867),  chanté par Yandé Codou Sène. 

Coumba Ndoffène Diouf le Grand avait été attaqué par surprise par Maba Diakhou Ba, alors qu’il présidait les funérailles de Dié Thiasse, l’épouse du Grand Farba Ngor Ndiaye. Les Sèrères handicapés par les beuveries qui accompagnaient les funérailles des grands dignitaires n’étaient pas en mesure de combattre. Boucar se déguisa et prit la place du roi pour attirer à lui les troupes ennemies et fut tué. Il était le mari de Selbé Niadi Diouf, la sœur cadette de Coumba Ndoffène. Boucar est le père du futur roi Sémou Maak Diouf (1878 -1881).

FAYE : Sanou Mone Faye  (Sann Moon Fay), littéralement, Sanou  (du village) de Mone.

 

Salmoon dans les poèmes de Senghor) Ce roi du Sine (1871 1878) est le personnage sèrère le plus connu qui a porté ce prénom. Il est célèbre dans l’histoire du Sine autant pour sa bravoure légendaire faite « d’ubris », de démesure, que pour sa cruauté. Il serait né selon les légendes sous les auspices de génies puissants dont Kondron Sané divinté de la chasse ou Sanou la divinité de l’or (A H. Ba). Exilé dans le Baol alors qu’il était prince héritier (Boumi) il avait crée un campement avec ses partisans, dénommé Nan Cungum : « J’attends la nouvelle » (de la mort du roi pour lui succéder). A la mort du titulaire qui n’était autre que Coumba Ndoffene le Grand, les membres du Collège des électeurs se hâtèrent d’introniser à sa place Sémou Maak Juuf (Sémou le Grand Diouf). Sanou marcha sur Diakhao et monta sur le trône[1]. Une lutte à mort s’engagea entre les deux prétendants. Pour mettre fin à son règne réputé difficile, les dignitaires  prirent les dispositions mystiques nécessaires pour en venir à bout,  lors de son dernier combat. Ses 7 batailles contre Sémou font l’objet d’une abondante littérature orale chantée. Yandé Codou Sène la fameuse cantatrice de Senghor a interprété de beaux passages de cette épopée. Bien que prince prudent et avisé, au départ, Sanou Mone  tomba rapidement dans les excès  de cruauté gratuite  qui terrorisèrent ses plus proches partisans. Est-ce une conséquence du règne controversé de Sanou ? Depuis sa mort, il n’y a plus de roi de patronyme Faye, malgré le rôle majeur de cette famille dans la création et l’histoire du Sine. Comme d’autres souverains réputés sanguinaires il fait penser à cet adage peul rapporté par Amadou Hampaté Ba : « L’homme au pouvoir boit toujours trois verres ; le premier au début est un verre de lait, le deuxième un verre de vin,  le dernier un verre de sang ».

 

[1] Il ne s’agissait évidemment pas d’un coup d’Etat comme nous l’avons malencontreusement écrit dans l’ouvrage Lances Males (1996).

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