top of page

  Centième  anniversaire de A.M. Mbow.

Un Africain au service de l'Universel

   

Xoy de la Bible

Le pays sèrère est désormais connu pour la cérémonie publique de divination appelée Xoy ou “Appel”. Elle réunit les membres de la confréries des saltigi prêtres traditionnels, hommes et femmes, pour prédire l’avenir dans les domaines politique, économique, social et stratégique (Diouf 1996). Il est inscrit depuis 2013 au patrimoine mondial immatériel de l’humanité[1].

La ressemblance du xoy convoqué naguère par le roi sur la grande place[2] de Diakhao la capitale du Sine ressemble à s’y méprendre à celui décrit dans la Bible où assistaient deux rois (1 Rois Chapitre 22 verset 1 à 19). Comme en pays sèrère, le roi d’Israël voulait savoir quelle serait l’issue d’une expédition militaire contre son voisin, Ramoth.

Josaphat dit au roi d’Israël : Consulte maintenant je te prie la parole de l’Eternel. Le roi d’Israël assembla les prophètes, au nombre d’environ quatre cents, et leur dit : Irai-je attaquer Ramoth en Galaad, ou dois-je y renoncer ? Le roi d’Israël et Josaphat roi de Juda étaient assis chacun sur son trône, revêtus de leurs habits royaux dans la place à l’entrée de la porte de Samarie. Et tous les prophètes prophétisaient devant eux…

 

[1] Parmi les prédictions publiques de xoy demeurées célèbres figure le naufrage du bateau le « Diola », en septembre 2002 au large de la Gambie, qui fit près de 2000 morts, soit  plus que le Titanic. Les autorités sénégalaises n’avaient pas cru nécessaire de faire dans toutes les grandes eaux du pays, les sacrifices qui avaient été recommandés auparavant par les  prêtres.

[2] L’assemblée se tenait à l’ombre du Baobab (de) Wassila (Faye)  le fondateur de la capitale  (Fata Ndiaye. 2006 La saga du peuple sérère 12 pages)

PAR MAMADOU SENE

MANGONÉ, L’AMI, L’INTELLECTUEL ET L’AFRICAIN FONDAMENTAL

Mangoné Niang est de la race de ces géants d’Afrique sur les épaules desquels nombreux sont ceux qui se sont perchés et se perchent encore pour observer et comprendre notre continent et le monde

8 Mars

Journée Internationale

de la Femme 

Les Sèrères matrilinéaires accordent une placeimportante à la femme

 

            NOTRE THEME 2022

 

 VALEURS DE LA FEMME ET FEMMES DE VALEUR

                              

                                                            

1. D’après le dicton, c’est un bâton maternel qui a tracé le (royaume du) Sine. Sinig o loq yaay fiisun

 

2. L’autre dicton dit que c’est Sira Badiane de sang guelwar qui a inauguré la royauté. Sira Badiane ten fertu maat. Elle est la première reine connue à Djilor (Saloum). Sira ou Siga Badiane, Badial ou Badiar (francisé Badral) est très certainement originaire du Badyar, le pays des Badyaranké proches des Bassaris et des Konyagui. Le patronyme venu du Gabou en Guinée Bissau a traversé le Sénégal du sud au nord. D’abord le pays diola avec les variantes Bodian et Badiate (?) et le village de Badiana. On le trouve aussi dans les pays sèrères à Koular, au Sine, au Saloum et au Baol. Il est également signalé dans la famille impériale des Bourbas Djolof.

Sira Badiane serait une lointaine ancêtre du président Senghor. Dans ses poèmes il se proclame « Vi-Guelwar »

La dynastie matrilinéaire des guelwar est peut-être dès l’origine, un mélange d’autochtones badiarankés, de migrants sèrères et de migrants et conquérants mandingues. On trouve plus loin au Mali, le toponyme Badiane (René Caillé) et le surnom du célèbre écrivain Seydou Badian. Comme ceux du Sénégal, ces éléments de l’onomastique seraient aussi partis du Badyar.

3. Au tout début du royaume du Sine, vers le 14e siècle, il a existé deux Bourba Sine. Des sources européennes signalent qu’à cette époques deux souverains, un homme et une femme régnaient simultanément dans ce pays : un « Barbasine Ngor » et une « Barbasin Ndew » (Diogo Gomez). Ce dernier titre est probablement devenu la Linguère. Les Sèrères donc ont pratiqué la parité bien avant l'avancée significative introduite au Sénégal et à la Commission de l'Union africaine par le président Wade.

 

 

4. Dans une société bilinéaire comme celle des Sèrères, les femmes occupent sans complexe, à l’égal des hommes, une place prépondérante dans la sphère religieuse traditionnelle. Khane Diouf (de) Diadiakh Patar Bila, célèbre saltigui prêtresse en est l'illustration. Sa devise tambourinée, le rythme qui annonce son entrée ou l’identifie dans l’arène où les membres de la confrérie s’affrontent en joutes oratoires, menaces et prédictions sur le futur est tout un programme : Goor mokk leen jigeen muut. Elle « dompte les hommes et réduit les femmes au silence » (Diouf 1996).

5. Au Sénégal, c’est aussi en pays sèrère que l’on a enregistré la première femme député puis ministre (Caroline Faye), la première femme chef de village (Bousso Ngom à Ndangalma) devenue député, la première femme cinéaste d’Afrique noire (Safi Faye) etc. Les Mourides installés au Baol en pays sèrère ont gardé la vénération de Mame Diarra Bousso la mère du fondateur de la confrérie.

 

6. Dans les familles dynastiques des pays sèrères et wolofs c’est la femme qui donne le pouvoir mais c’est l’homme qui l’exerce. Seul un prince né d’une femme guelwar peut devenir roi. C’est pourquoi il peut ajouter le nom de sa mère à son nom de règne.

 

7. Les Sèrères disent qu’ils ont trois familles : celle de leur père, celle de leur mère et celle de la mère de leur père, symbolisée par la Bajen ou Baay jigeen (Père au féminin)

 

8. Dans l’ancien royaume du Walo des Wolofs, la cérémonie du couronnement comportait un rituel semblable au wër sëk (tourner autour d’une tombe en signe d’adoration pour obtenir un bienfait). Il devait faire trois fois le tour du Baobab totem dit « Ndeyou Brack » (Mère de Brack), étant porté sur le dos par un homme du matriclan gaker (Amadou Bakhaw Diaw Historien traditionnaliste du Walo. L’ancien cérémonial d’intronisation du brack du Walo. diaogo.nilsen@gmail.fr).

 

 

 

9. « La mère porteuse » inventée récemment dans la société moderne est connue dans les pratiques traditionnelles des Sèrères. C.Becker mais également M. Dupire ont tous deux relevé qu’au Diobas (Thiès) et au Sine (Fatick), une femme stérile pouvait acheter une esclave ou recourir à une volontaire, la faire féconder par un parent et l’enfant portait son nom.

10.La position des Sèrères comme racine, centre de gravité du pays et facteur de pacification est attestée par la filiation de Maba Diakhou Ba (1809-1867). Sa mère Diakhou Dièye est une Sèrère native du Djolof.  N’Diogou Ba, son père, un marabout originaire du Fouta-Toro avait quitté le Djolof pour venir s’installer dans le Rip et fonder un village dénommé Taoua (Amadou Bal Ba «Maba Diakhou Ba (1809-1867), https://thieyedakar.net/auteur/diedhiou

La bataille de Somb (18 juillet 1867) où le jihadiste fut tué dans le Sine était donc une guerre fratricide. Cheikh Omar Tall a tout fait pour l’éviter. Elle n’est pas sans rappeler le conflit politique qui opposa en 1962, Léopold Sédar Senghor et Mamadou Dia son premier ministre dont la mère est également sèrère du Baol

 

11. La mère du vénérable El Hadji Malick Sy le fondateur de la Tijania au Sénégal serait également une sèrère de patronyme Faye. Le Cheikh est né à Bokhol, un village du Walo (El Hadji Amadou Sèye. Bokhol le village qui m’a vu naitre. 28 pages, sans date. L’auteur historien est Président de la fédération Dahira  Lasilyayi,  Villa N°172 HLM Patte d’Oie Dakar)

bottom of page